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Full text of "Les nouvelles substances radioactives et les rayons qu'elles émettent"

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NOUVELLES SUBSTANCES RADIOACTIVES 


ET LES 


RAYONS QU’ELLES ÉMETTENT. 


Par P. CURIE et M m « CURIE. 


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Rapport présenté au Congrès international de Physique, 

réuni à Paris en 1900, 

sous les auspices de la Société française de Physique. 


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PARIS, 

GAUTHIER-V1LLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DU BUREAU DES LONGITUDES, DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE, 

Quai des Grands-Augustins, 55. 

1900 









































































EUGENE DEMARÇAY - LE SPECTRE DU RADIUM 


1043 





~tÂÂÂJÎ / c* ûZ) 

ium, bien que leur spectté'soit encore inconnu et V > 

u’ils ne soient peut-être contenus dans les 
jmélanges actifs qu’en proportion minime. 

Sans doute, rien n’autorise à rejeter l’hypothèse 
ue ces nouveaux corps simples résultent de l’ac- 
ion de forces spéciales sur d’autres corps simples ; 
ette hypothèse, qui serait à examiner, peut, du 
reste, être faite pour tous les autres éléments, car 
leur origine ne nous est pas moins inconnue. Quoi 
qu’il en puisse être, les nouveaux corps dont nous 
venons de parler sont, au même titre que ces 
derniers, des éléments. 

Subsistent aussi les deux hypothèses imaginées 
pour expliquer le rayonnement constant de ces élé- 


FORCE 


4.436,2 . 10 

4.340.7 . 15 

3.814.7 .16 

3.649,6 . 11 


Dans cette échelle de force, le maximum est 16 
et le minimum est 1. 

Outre ces raies, qui sont toutes fortes et carac¬ 
téristiques, sauf les deux bandes nébuleuses, on en 
remarque plusieurs petites, que je ne mentionne 
pas ici et qui n’appartiennent qu’avec doute au 
Radium. 

Dans le spectre visible proprement dit, compris 
entre \ — 5.000 et X = 7.000, je n’ai remarqué 


40 


O’ 

co 


o> 

<^> 

oo 


BARYUM 



co^ îo^ xo *o —< oo 

<D CO CO' CO (O o' 

,0> GO Ot CO ce CO 

OO rD cO lO ‘-’î* *-T< CO 

-si* < 7 ^ 

Fig* L — Spectre d'un échantillon de chlorure de radium préparé par d/ me Curie. — Les raies sans attribution d'origine 
sont dues au platine, au calcium, quelques-unes des plus faibles, peut-être au radium. Diverses petites raies fines, — très 
nettes sur le cliché négatif sur verre, quoique faiblement accusées, — n’ont pu être reproduites en photogravure avec 
une intensité suffisante pour que la présente image puisse être considérée comme représentant exactement et en tout 
point la photographie originale. Le seul intérêt de cette figure est de montrer la position des raies principales du radium. 


RADIUM 


CO 

CO 


cT 

^rH 

O 

cô 


ments : l’une en fait des corps en état de décompo¬ 
sition, formés endothermiquement de particules 
matérielles très petites par rapport aux atomes ; 
l’autre suppose le principe de Carnot inapplicable 
aces atomes particuliers. Ces hypothèses sont invé- 
rifiées jusqu’ici; et, d’après les calculs de M. Curie, 
la première est invérifiable. 

Tel qu’il résulte des dernières constatations, le 
spectre du Radium (fig. 1) se composerait, entre 

= 5.000 et 1 = 3.500, des 9 raies suivantes : 


X FORCE 

4.826.2 . 9 

4.682,9. 15 

4.627,5 . 5 maximum d’uné petite 

bande nébuleuse dé¬ 
gradée vers le rouge. 

4.533,4. 11 

4.455.2 . 5 maximum d’une petite 

bande nébuleuse dé¬ 
gradée vers le violet. 


qu’une raie 566,5 ( environ ) qui puisse être attri¬ 
buée au Radium. Elle n’est, d’ailleurs, que d’in¬ 
tensité médiocre et très inférieure à 4.826,2 comme 
éclat. 

Les deux bandes nébuleuses ci-dessus men¬ 
tionnées sont très intéressantes en ce qu’elles rap¬ 
prochent le radium des métaux alcalins terreux, 
dont il est si voisin tant par ses caractères chimi¬ 
ques que par l’aspect de ses raies et l’extrême sen- 
sibilité de sa réaction spectrale. 

Dans le spectre ci-dessus (fig. 1), pris avec une 
solution chlorhydrique un peu trop diluée de 
chlorure de Radium, les spectres de l’air et du 
platine ont pris, par suite de cette circonstance, une ! 
importance notable. Le Baryum ne s’y voit plus que 
par ses trois plus fortes raies. 

i t i , ; ,■). 

Eugène Demarçay, 

Docteur ès Sciences. 


J 





































CONGRÈS INTERNATIONAL DE PHYSIQUE DE 1900. 


LES 

NOUVELLES SUBSTANCES RADIOACTIVES 


ET LES 

RAYONS QU’ELLES ÉMETTENT, 

Par P. CURIE et M">« CURIE. 


Rayons uraniques. — Les recherches sur les substances radio¬ 
actives ont leur point de départ dans la découverte des rayons 
uraniques par M. Becquerel. L’émission de rayons particuliers 
parles composés d’urane et les propriétés de ces rayons ont été 
exposées par M. Becquerel dans son Rapport. Nous rappellerons 
donc seulement que les rayons uraniques ou rayons de Becquerel 
sont caractérisés par les propriétés suivantes : ils se propagent 
rectilignement 5 ils agissent sur les plaques photographiques comme 
la lumière, mais à un degré extrêmement faible; ils peuvent 
traverser des écrans de diverse nature, mais seulement sous très 
faible épaisseur; ils ne sont ni réfléchis, ni réfractés, ni polari¬ 
sés; en traversant les gaz, ils les rendent faiblement conducteurs 
de l’électricité. 

Le rayonnement uranique est spontané et constant; il n’est 
entretenu par aucune cause excitatrice connue; il semble insen¬ 
sible aux variations de température et d’éclairement. 

si r on fait abstraction de l’origine inconnue du rayonnement 
uranique et si l’on n’en considère que les propriétés, on constate 
qu’il y a analogie entre les rayons uraniques d’une part, les rayons 
cathodiques et les rayons de Rôntgen d’autre part; il y a aussi 





_ <2 


analogie avec les rayons secondaires produits par les métaux à 
forte masse atomique sous l’action des rayons de Rontgen. 

Nous appellerons radioactives les substances qui émettent des 
rayons de Becquerel. 

Méthode de mesure. — Pour étudier la radioactivité de diverses 
substances, nous employons la méthode électrique. On mesure la 
conductibilité acquise par l’air sous l’influence de la substance 
radioactive. Voici l’appareil qui sert à cet effet : 

Un condensateur {fig- i) se compose de deux plateaux A et B. 

Fig. i. 



La substance active pulvérisée est étalée sur le plateau B; elle 
rend conducteur l’air entre les plateaux. Pour mesurer cette con¬ 
ductibilité, on porte le plateau B à un potentiel élevé en le reliant 
à l’un des pôles d’une pile d’un grand nombre d’éléments P dont 
l’autre pôle est à terre. Le plateau A étant maintenu au potentiel 
de la terre par le fil CD, un courant électrique s’établit entre les 
deux plateaux. 

Le potentiel du plateau A est indiqué par un électromètre E. 
Si l’on interrompt en G la communication avec la terre, le pla¬ 
teau A se charge, et cette charge fait dévier l’électromètre. La 
vitesse de la déviation est proportionnelle à l’intensité du cou¬ 
rant et peut servir à la mesurer. Mais il est préférable de faire 
cette mesure en compensant la charge que prend le plateau A de 
manière à maintenir l’électromètre au zéro. Les charges, dont il 
est question ici, sont extrêmement faibles; elles peuvent êti’e com- 

DSS 























— 3 — 


pensées au moyen d’un quarlz piézoélectrique Q dont une arma¬ 
ture est reliée au plateau A et l autre armature est à la terre. On 
soumet la lame de quartz à une tension connue produite par des 
poids placés dans un plateau H; cette tension est établie progres¬ 
sivement et a pour effet de dégager progressivement une quantité 
d’électricité connue pendant un temps qu’on mesure. L’opération 
peut être réglée de telle manière qu’il y ait à chaque instant com- 
pensation entre la quantité d’électricité qui traverse le condensa¬ 
teur et celle de signe contraire que fournit le quarlz (*). On peut 
ainsi mesurer en valeur absolue la quantité d’électricité qui tra¬ 
verse le condensateur pendant un temps donné, c’est-à-dire Y in¬ 
tensité du courant. La mesure est indépendante de la sensibilité 
de l’électromètre. 

Radioactivité des composés d’urane. — En effectuant un certain 
nombre de mesures de ce genre on voit que la radioactivité des 
composés d’urane est un phénomène susceptible d’être mesuré 
avec une certaine précision. Elle varie peu avec la température, 
elle est à peine influencée par les oscillations de la température 
ambiante; elle n’est pas influencée par l’éclairement de la sub¬ 
stance active, et elle ne semble pas subir de variation avec le 
temps. L’épaisseur de la couche de substance active employée a 
peu d’influence, pourvu que la couche soit continue et qu’elle ait 
une épaisseur supérieure à quelques dixièmes de millimètre. 

L’étude de la conductibilité de l’air sous l’action des rayons de 
Becquerel a été faite par divers physiciens. Une étude très com¬ 
plète du sujet a été publiée par M. Rutherford; on en trouvera 
les résultats principaux dans le Rapport de M. Becquerel. 

Pour un condensateur donné et une substance donnée, le 
courant augmente avec la différence de potentiel qui existe entre 
les plateaux, avec la pression du gaz qui remplit le condensateur, 
et avec la distance des plateaux (pourvu que cette distance 11 e soit 
pas trop grande par rapport au diamètre). Toutefois, pour de 


(') On arrive très facilement à ce résultat en soutenant le poids à la main et 
en ne le laissant peser que progressivement sur le plateau H, de manière à main¬ 
tenir l’image de l’électromètre au zéro. Avec un peu d’habitude on prend très 
exactement le tour de main nécessaire pour réussir cette opération. Cette mé¬ 
thode de mesure des faibles courants a été décrite par M. J. Curie dans sa Thèse. 




4 — 


fortes différences de potentiel, le courant tend vers une valeur 
limite qui est pratiquement constante. C’est le courant de satu¬ 
ration ou courant limite. De même pour une certaine distance 
des plateaux assez grande, le courant limite ne varie plus guère 
avec cette distance. C’estle courant obtenu dans ces conditions qui 
a été pris comme mesure de la radioactivité dans nos recherches 
(le condensateur étant placé dans l’air à la pression atmosphé¬ 
rique). 

Les lois de la conductibilité produite dans l’air par les rayons 
de Becquerel sont les mêmes que celles trouvées avec les rayons 
deRontgen; le mécanisme du phénomène paraît être le même 
dans les deux cas. La théorie de l’ionisation de l’air par les rayons 
de Rontgen ou de Becquerel rend bien compte des faits observés. 
Dans cet ordre d’idées, le nombre d’ions produits par seconde 
dans le gaz est d’autant plus grand que le rayonnement absorbé 
par ce gaz est plus fort. Pour obtenir Je courant limite, relatif à 
un rayonnement donné, il faut, d’une part, faire absorber intégra¬ 
lement ce rayonnement par le gaz, en employant une masse absor¬ 
bante suffisante, et, d’autre part, utiliser pour la production du 
courant tous les ions produits, en établissant un champ électrique 
assez fort pour que le nombre d’ions qui se recombinent devienne 
une fraction insignifiante du nombre total des ions produits. 

L’ordre de grandeur des courants que l’on obtient avec les com¬ 
posés d’urane est de io~ H ampère pour un condensateur dont les 
plateaux avaient 8 cm de diamètre et 3 cm de distance. 

Voici les nombres relatifs à divers composés d’urane; i désigne 
le courant en ampères : 

i. io u . 


Uranium métallique (contenant un peu de carbone) 

Oxyde d’urane noir U 2 O 3 . 

Oxyde d’urane vert U 3 O 4 . 

Acide uranique hydraté. 

Uranate de soude. 

Uranate de potasse. 

Uranate d’ammoniaque... 

Sulfate uraneux... 

Sulfate d’uranyle et potassium. .. 

Azotate d’uranyle... 

Phosphate de cuivre et d’uranyle. 

Oxysulfure d’urane. 


2.3 
2,6 

i,8 

o,6 

1,2 

1,2 

1.3 


°>7 

o,9 

1,2 














Substances radioactives. — II était naturel de se demander si 
d’autres corps que les composés d’urane émettent des rayons de 
Becquerel. M. Schmidt examina à cet effet beaucoup de substances 
et trouva qu’il existe un autre groupe de corps radioactifs, à 
savoir les composés du thorium ('). L’un de nous a fait en même 
temps un travail analogue, dont les résultats ont été publiés 
quand nous ne connaissions pas encore le travail de M. Schmidt. 
Dans ce travail, divers composés de presque tous les corps simples 
actuellement connus ont été passés en revue; les composés du 
thorium se sont montrés radioactifs. 

Ce travail a établi que la radioactivité des composés d’urane et 
de thorium est une propriété atomic/ue. Elle semble liée à la 
matière qui en est douée et ne peut être détruite ni par un chan¬ 
gement d’état physique, ni par une transformation chimique. Les 
combinaisons chimiques ou mélanges contenant de l’uranium et 
du thorium sont, en première approximation, d’autant plus actifs 
qu’ils contiennent une plus forte proportion de ces métaux; toute 
matière inactive ajoutée diminue l’activité, agissant à la fois 
comme matière inerte et matière absorbante. 

La rad ioactivité des composés du thorium est du même ordre 
de grandeur que celle des composés d’urane; les oxydes des deux 
métaux ont une activité très analogue. 

La radioactivité atomique est-elle un phénomène général? Il 
semble peu probable que cette propriété appartienne à une cer¬ 
taine espèce de matière à l’exclusion de toute autre. Cependant 
nos mesures permettent de dire (pie, pour les éléments actuelle¬ 
ment considérés comme tels, y compris les plus rares et les plus 
hypothétiques, l’activité, si elle existe, est au moins 1 oo fois plus 
laible que pour l’uranium métallique dans notre appareil à pla¬ 
teaux. 

Chaque élément a été examiné, quand c’était possible, dans 
diverses combinaisons chimiques. Ont figuré dans l’étude : 

i° Tous les métaux et métalloïdes que l’on trouve facilement 
et quelques-uns des plus rares, produits purs, provenant de la 
collection de M. Étarcl; 

2 ° Les corps rares suivants : gallium, germanium, néodyme. 


( l ) Schmidt, WiecL Ann., l. LXV, p. i/ji; 1898 . 




- 6 - 


praséodyme, niobium, scandium, gadolinium, erbium, samarium, 
rubidium, échantillons prêtés par M. Demarçay; yttrium, ytter¬ 
bium avec nouvel erbium, holmium, échantillons prêtés par 
M. Urbain; 

3° Un grand nombre de roches et de minéraux ( '). 

Le phosphore humide placé entre les plateaux du condensateur 
rend l’air conducteur. Toutefois, nous ne considérons pas ce corps 
comme radioactif à la façon de l’uranium et de thorium. En effet, 
le phosphore dans ces conditions s’oxyde et émet des rayons 
lumineux, tandis que les composés d’urane et de thorium sont 
radioactifs sans éprouver aucune modification appréciable par les 
moyens connus; de plus, le phosphore n’est actif ni à l’état de 
phosphore rouge, ni à l’état de combinaison. 

Rayons thoriques. — Notre étude des composés du thorium a 
montré : 

i ü Que l’épaisseur de la couche active employée a une action 
considérable, surtout avec l’oxyde. Le courant augmente avec 
l’épaisseur de la couche; 

2 ° Que le phénomène n’est régulier que si l’on emploie une 
couche active mince (ÿ de millimètre). Au contraire, quand on 
emploie une couche épaisse (6 mm ), on obtient des nombres oscil¬ 
lant entre des limites étendues, surtout dans le cas de l’oxyde; 

3° Que les rayons thoriques sont bien plus pénétrants que les 
rayons uraniques, et que les rayons émis par l’oxyde de thorium 
sous couche épaisse sont bien plus pénétrants que ceux qu’il émet 
en couche mince ( 2 ). 

Les particularités de la radiation thorique ont été récemment 
l’objet de publications très complètes. M. Owens ( 3 ) a montré 
que la constance du courant n’est obtenue qu’au bout d’un temps 
assez long en appareil clos ; il a également montré que, dans le cas 
des composés du thorium, le courant pouvait être fortement réduit 
par un courant d’air, ce qui n’a pas lieu pour les composés 


(') L’uranium métallique employé dans cette étude a été obligeamment donné 
par M. Moissan. 

( 2 ) Curie, Comptes vendus, t. CXXVI, p. noi; avril 1898. 

( 3 ) Owens, Phil. Mag octobre 1899. 



7 


d’urane, et il a étudié en détail ce phénomène. Bientôt après 
M. Rutb erford ( 1 ) a publié des résultats analogues et a fait Y hy¬ 
pothèse que les composés du thorium émettent non seulement des 
rayons analogues aux rayons uraniques, mais qu’ils émettent en 
plus une émanation constituée par des particules matérielles 
extrêmement ténues qui sont elles-mêmes radioactives. 


Minéraux radioactifs. — Parmi les substances dont nous avons 
mesuré la radioactivité se trouvait un grand nombre de miné¬ 
raux ( 2 ). Certains d’entre eux se sont montrés actifs. Voici les 
nombres obtenus, toujours avec le même appareil à plateaux : 


Pechblende de Johanngeorgenstadt 

» Joachimsthal. 

» Pzibran. 

» Cornwallis. 

Clévéite. 

Chalcolite. 

Au tu ni te. 

Tborite... 

O rang i te. 

Monazite. 

Xénotirae. . ... 

Æschynite. 

Fergusonite. 

Samarskite.. 

Niobite.. 

Carnotite. 


i. io 11 

en ampères. 
8,3 
7,o 
6,5 
1; 6 
i ,4 

5,-2 


o’ô 

o,o3 

o,7 

o,4 

i,' 

o,3 

6,2 


Tous ces minéraux contiennent de l’uranium et du thorium; 
leur activité n’a donc rien d’étonnant, mais l’intensité du phéno¬ 
mène pour certains minéraux est inattendue. Ainsi l’on trouve des 
pechblendes (minerais d’oxyde d’urane) qui sont quatre fois plus 
actives que l’uranium métallique; la chalcolite, phosphate cris¬ 
tallisé de cuivre et d’urane, est deux fois plus active que l’ura¬ 
nium; l’autunite, phosphate de chaux et d’urane, est aussi active 


(‘) Rutherford, Phil. Mag., janvier 1900. 

(-) Plusieurs échantillons de minéraux provenaient cle la collection du Muséum 
et ont été obligeamment mis à notre disposition par M. Lacroix. 




















— 8 - 


que l’uranium. Or, d’après les considérations qui précèdent, au¬ 
cun minéral n’aurait dû se montrer plus actif que l’uranium et le 
lliorium. Pour éclaircir ce point, l’un de nous a préparé de la 
chalcolite artificielle par le procédé de Debray, en partant de pro¬ 
duits purs. Cette chalcolite artificielle avait une activité tout à fait 
normale, étant donnée sa composition; elle était deux fois et demie 
moins active que l’uranium. 

Il devenait, dès lors, très probable que si la pechblende, la chal- 
colite, l’autunite ont une activité si forte, c’est que ces minéraux 
contiennent, en petite quantité, une substance fortement radio¬ 
active différente de l’uranium, du thorium et des corps simples 
actuellement connus. 

Nous nous sommes proposé d’extraire cette substance de la 
pechblende, et nous sommes en effet parvenus à montrer qu’il est 
possible, par les méthodes ordinaires de l’analyse chimique, d’ex¬ 
traire de la pechblende des substances dont la radioactivité est 
environ cent initie fois plus grande que celle de l’uranium métal¬ 
lique. 

Méthode de recherches. — Notre unique guide, dans cette 
recherche, était la radioactivité, et voici comment nous nous en 
servions : On mesurait l’activité d’un certain produit; on effec¬ 
tuait sur ce produit une séparation chimique; on mesurait l’acti¬ 
vité de tous les produits obtenus, et l’on se rendait compte si la 
substance active cherchée était restée intégralement avec l’un d’eux 
ou bien si elle s’était séparée entre eux et dans quelle proportion. 
On avait ainsi une indication qui était analogue, jusqu’à un 
certain degré, à celle que pourrait fournir l’analyse spectrale. 
Pour avoir des nombres comparables, il faut mesurer l’activité des 
substances à l’état solide et bien desséchées. La difficulté prin¬ 
cipale de cette recherche provenait de ce que la pechblende est 
un minerai extrêmement compliqué, qui renferme en quantité 
notable presque tous les métaux connus. 

Gaz temporairement actif. — Nous avons reconnu d’abord 
que la pechblende chauffée dans le vide fournit des produits de 
sublimation très actifs, mais en très petite quantité. En recueillant 
les produits gazeux de la sublimation, nous avons obtenu un gaz, 


— 9 — 


lequel, enfermé dans un tube de verre, agissait encore à l'exté¬ 
rieur comme un corps notablement radioactif. Pendant un mois, 
le rayonnement issu de ce gaz nous donna des impressions photo¬ 
graphiques et provoqua la décharge des corps électrisés; puis 
l’activité diminua peu à peu, jusqu’à disparaître complète. Au 
spectroscope, le gaz actif montrait les raies de l’oxyde de car¬ 
bone. La pechblende contient d’ailleurs de l’argon et de l'hélium. 
Nous nous sommes assurés que l’oxyde de carbone n’est pas radio¬ 
actif. L’argon et l’hélium extraits de la fergusonite ne le sont pas 
non plus. Les conditions de production de ce gaz actif et la dis¬ 
parition de son activité restent à éclaircir. 

Polonium, radium, actinium. — L’analyse de la pechblende 
par voie humide, avec le concours de la méthode exposée plus 
haut, a conduit à établir l’existence, dans ce minéral, de trois sub¬ 
stances fortement radioactives, chimiquement différentes : polo¬ 
nium, trouvé par nous (’)$ le radium, que nous avons décou¬ 
vert avec M. Bémont ( 2 ), et Y actinium, qui a été découvert par 
M. Debierne ( 3 ). 

Le polonium est une substance qui accompagne le bismuth que 
l’on retire de la pechblende et qui en est très voisine par ses pro¬ 
priétés analytiques. On obtient du bismuth de plus en plus riche 
en polonium par l’un des procédés de fractionnement suivants : 

i° Sublimation des sulfures dans le vide; le sulfure actif est 
beaucoup plus volatil que le sulfure de bismuth ordinaire; 

2 ° Précipitation des solutions azotiques par l’eau; le sous- 
nitrate précipité est bien plus acdf que le sel resté dissous; 

3° Précipitation par l’hydrogène sulfuré d’une solution chlor¬ 
hydrique extrêmement acide ; les sulfures précipités sont considé¬ 
rablement plus actifs que le sel qui reste dissous. 

Le radium estime substance qui accompagne le baryum retiré 
de la pechblende; il suit le baryum dans ses réactions et s’en sé¬ 
pare par différence de solubilité du chlorure dans l’eau, l’eau 
alcoolisée ou l’eau chlorhydrique. Nous le concentrons et le sépa- 


(‘) Comptes rendus, t. CXXVIt, p. 17 5 ; juillet 1898. 

( 2 ) Id., p. 12 1 5 ; décembre 1898. 

( ;i ) Id., t. CXXIX, p. 598; octobre 1899, et t. CXXX, p. 90G avril 1900. 





— 10 — 


rons du baryum par cristallisation fractionnée du chlorure, ie 
chlorure de radium étant moins soluble que celui de baryum. Des 
trois nouvelles substances radioactives, le radium seul a été isolé 
à l’état de sel à peu près pur. 

\2actinium accompagne certains corps du groupe du fer, con¬ 
tenus dans la pechblende; il semble surtout voisin du thorium, 
dont il n’a pas encore été séparé. Il n’est même pas facile de sé¬ 
parer le thorium actinifère des aulres éléments du groupe du fer; 
les séparations sont généralement incomplètes. M. Debierne a uti¬ 
lisé les procédés de séparation suivants : 

i ü Précipitation des solutions bouillantes, légèrement acidulées par 
l’acide chlorhydrique, par l’hyposulfïte de sodium en excès; la propriété 
radioactive se trouve presque entièrement retenue par le précipité; 

2 ° Action de l’acide fluorhydrique et du fluorure de potassium sur les 
hydrates fraîchement précipités en suspension dans l’eau ; la portion dis¬ 
soute est peu active et l’on peut séparer le titane par ce procédé; 

3° Précipitation de la solution neutre des azotates par l’eau oxygénée. 
Le précipité entraîne le corps radioactif; 

4° Précipitation des sulfates insolubles ; chaque fois que l’on précipite 
un sulfate insoluble, le sulfate de baryte, par exemple, dans une solution 
renfermant du thorium actinifère, celui-ci est entraîné et Je précipité est 
fortement radioactif. On retire ensuite le thorium actinifère en transfor¬ 
mant les sulfates en chlorures et en précipitant la dissolution de ces der¬ 
niers par l’ammoniaque. Ce procédé très simple est, comme on voit, très 
différent de ceux employés généralement pour la séparation des éléments. 

Toutes les trois substances radioactives nouvelles se trouvent 
dans la pechblende en quantité absolument infinitésimale. Pour 
arriver à les obtenir à l’état de concentration actuel, nous avons 
été obligés d’entreprendre le traitement de plusieurs tonnes 
de résidus de minerai d’urane. Le gros traitement se fait dans une 
usine, il est suivi de tout un travail de purification et de concen¬ 
tration. Nous arrivons ainsi à extraire de ces milliers de kilo¬ 
grammes de matière première quelques décigrammes de produits 
qui sont prodigieusement actifs par rapport au minerai dont elles 
proviennent. Il est bien évident que l’ensemble de ce travail est 
long, pénible et coûteux ( 4 ). 


( 1 ) Nous avons de nombreuses obligations et des remerciements à adresser à 
tous ceux qui nous sont venus en aide dans ce travail. Le Gouvernement autri- 



— 11 — 


M. Giesel, à Brunswick, est aussi parvenu à préparer des pro¬ 
duits de bismuth à polonium et de baryum radifère déjà très 
actifs. 

D’après les recherches toutes récentes de MM. Debierne, Giesel, 
Crookes, Becquerel^), on peut, à la suite de certains traitements, 
extraire des sels d’urane une très petite quantité d’une substance 
très active qui contient probablement de l’actinium. L’uranium 
ainsi purifié est moins actif qu’avant et peut-être même pourra-t-on 
faire disparaître ainsi toute sa radioactivité. L’uranium ne serait 
plus alors un élément radioactif. Ce fait, s’il était démontré, ne 
serait pas cependant en contradiction avec l’idée que la radio¬ 
activité est une propriété atomique; seulement, c’est à l’actinium 
qu'il faudrait reporter la propriété attribuée à l’uranium. S’il est 
difficile d’obtenir de l’uranium exempt d’actinium, alors on com¬ 
prend que l’uranium doit avoir l’apparence d’un élément atomique- 
ment radioactif. Le raisonnement qui a conduit à la découverte 
des nouvelles substances radioactives conserve sa validité. 

Spectre du radium. — Il était de première importance de 
contrôler par tous les moyens possibles l’hypothèse, faite dans ce 
Travail, de l’existence d’éléments nouveaux radioactifs. L’analyse 
spectrale a, dans le cas du radium, confirmé d’une façon complète 
cette hypothèse. 

M. Demarçay a bien voulu se charger de l’examen de nos 
substances par les procédés rigoureux qu’il emploie dans l’élude 
des spectres photographiques. 

Le concours d’un savant aussi compétent a été pour nous un 
grand bienfait, et nous le remercions bien sincèrement d’avoir bien 


chien a mis gracieusement à noti'e disposition la première tonne de résidu traité 
(provenant de l’usine de l’État, de Joachimstlial en Bohème). L’Académie des 
Sciences de Paris, la Société d’Encouragemcnt pour l’Industrie nationale, un do¬ 
nateur anonyme nous ont fourni les moyens de faire traiter une certaine quan¬ 
tité de produit. Notre excellent ami M. Debierne a établi une méthode très 
avantageuse pour le traitement du résidu et a organisé ce traitement, qui a été 
effectué dans l’usine de la Société centrale de Produits chimiques. Cette Société 
a consenti à effectuer le traitement et une partie des fractionnements dans des 
conditions onéreuses pour elle. 

À tous nous adressons nos remerciements bien sincères. 

C 1 ) Giesel, Berichte chem Gesell., juin iqoo; Crookes, Proc. roy. Soc., 
mai 1900; Becquerel, Comptes rendus, juin et juillet iqoo. 




voulu faire ce travail. Les résultats de l’analyse spectrale sont 
venus nous donner l’assurance, la certitude, alors que nous avions 
encore des doutes sur l’interprétation des résultats de notre 
travail. 

Les premiers échantillons de chlorure de baryum radifère 
médiocrement actif, examinés par M. Demarçay, lui montrèrent, 
en même temps que les raies du baryum, une raie nouvelle ( 8814 , 7 ) 
d’intensité notable dans le spectre ultraviolet. Avec des produits 
plus actifs préparés ensuite, M. Demarçay vit la raie ( 3814 , 7 ) se 
renforcer, en même temps d’autres raies nouvelles apparurent et, 
dans le spectre, les raies nouvelles et celles du baryum avaient des 
intensités comparables. Dans le dernier échantillon examiné, 
le nouveau spectre domine et les trois plus fortes raies du baryum 
seules visibles, indiquent seulement la présence de ce métal à 
l’état d’impureté. Cet échantillon peut être considéré comme 
formé de chlorure de radium à peu près pur. 

Voici, d’après M. Demarçay ('), la liste des raies principales du 
radium pour la portion du spectre comprise entre X = 5ooo et 
X = 35oo. La force de chaque raie est indiquée par un chiffre, la 
plus forte raie étant marquée 16 . 


1 , 

Force. 

x. 

Force 

4826,3 

10 

46 oo ,3 (?) 

3 

4726,9 

5 

4533,5 

9 

4699,8 

3 

4436 ,i 

8 

4692,I 

7 

4340,6 

12 

4683 ,0 

O 

38 i 4 ,7 

16 

464 i ,9 

4 

3649,6 

12 


Toutes les raies sont nettes et étroites, les trois raies 38 14 , 7 , 
4683,o, 434o,6 sont fortes; elles atteignent l’égalité avec les raies 
les plus intenses actuellement connues. On aperçoit également 
dans le spectre deux bandes nébuleuses fortes. 

La première, symétrique, s’étend de 463 1,0 à 4621,9 avec maxi¬ 
mum à 4627 , 5 . La deuxième, plus forte, est dégradée vers l’ultra¬ 
violet; elle eommencebrusquementà 4463 , 7 , passe par un maximum 
à 4455 , 2 ; la région du maximum s’étend jusqu’à 4453,4, puis 


(,) Comptes rendus, t. CXXVII, p. 1218; 26 décembre 1898; t. CXXIX, p. 116; 
1899, et t. CXXXL p. 2 , 58 ; a 3 juillet 1900. 



une bande nébuleuse, graduellement, dégradée, s’étend jusque 
vers 4390 . 

Dans la partie la moins réfrangible non photographiée du 
spectre, la seule raie notable est la raie 5665 (environ), bien plus 
faible cependant que 4826 , 3 . 

L’aspect général du spectre est le même que pour les métaux 
alcalino-terreux; on sait que ces métaux ont des spectres de raies 
fortes avec quelques bandes nébuleuses. 

M. Demarçay pense que le radium peut figurer parmi les corps 
ayant la réaction spectrale la plus sensible. Cependant il faut une 
activité initiale de 5o fois celle de ruranium ordinaire environ, 
pour apercevoir nettement la raie principale du radium sur les 
spectres photographiques. Avec un électromètre sensible, on peut 
déceler la radioactivité pour des activités n’atteignant que le yyy 
de celle de l'uranium ordinaire; on voit que, pour déceler la pré¬ 
sence du radium, la radioactivité est un caractère plusieurs 
milliers de fois plus sensible que la réaction spectrale. 

Le bismuth à polonium très actif, examiné par M. Demarçay, 
n’a encore donné au spectroscope que les raies du bismuth. De 
même, le thorium à actinium très actif préparé par M. Debierne 
n’a encore donné que les raies du thorium. 

Masse atomique du radium. — A mesure que nous obtenions des 
produits de baryum radifère de plus en plus riche en radium, l’un 
de nous a fait des déterminations successives de la masse atomique 
du métal contenu dans le chlorure de baryum radifère exempt de 
toute impureté ( 1 ). On dosait le chlore par le chlorure d’argent en 
partant du chlorure anhydre. En chauffant le chlorure hydraté à 
i3o°, il perd toute son eau de cristallisation et l’on n’obtient plus 
ensuite de variation de poids même en chauffant plusieurs heures 
le chlorure anhydre à i5o°, ce qui indique qu’il n’y a aucune perte 
sensible de chlore. La masse atomique trouvée est sensiblement 
celle du baryum (i3^,5) pour les produits médiocrement actifs. 
Mais pour des produits de plus en plus actifs, la masse atomique 
va en augmentant. Avec un produit riche en radium pour lequel 
les raies du radium ont une intensité plutôt un peu plus forte que 


(’) Comptes rendus , t. CXXIX, p. 760, et t. CXXXT, p. 382; nov. 1899 et août 1900. 





14 — 


celles du baryum, on a trouvé la masse atomique iy4- Malheureu¬ 
sement il a été impossible de faire une détermination sur le pro¬ 
duit à peu près pur examiné an spectroscope par M. Demarçay, 
parce que nous ne possédons de ce produit que quelques centi¬ 
grammes, quantité trop faible pour faire un dosage. On peut donc 
seulement conclure que la masse atomique du radium est très supé¬ 
rieure à i^4i et tout semble indiquer que ce corps est l’homologue 
supérieur du baryum dans la série des métaux alcalino-terreux. 

La quantité de radium contenue dans les minerais d’urane est 
malheureusement prodigieusement faible. Pour obtenir quelques 
centigrammes de chlorure de radium pur et quelques décigrammes 
de produits moins concentrés, il a fallu faire traiter deux tonnes 
de résidu de minerai d’urane. Pour pouvoir faire une détermina¬ 
tion de la masse atomique du radium pur et étudier les propriétés 
physiques et chimiques de ce nouveau métal, il faudrait pouvoir 
faire traiter encore un certain nombre de tonnes de résidu de 
minerai d’urane, ce qui nécessiterait de nouvelles dépenses. 

Rayons émis par les nouvelles substances radioactives. — Le 
rayonnement de Becquerel émis parles nouvelles substances radio¬ 
actives est considérablement plus intense que celui de l’uranium 
ordinaire; ce rayonnement est au moins iooooo fois plus fort. 
Mais il n’est, à vrai dire, plus possible d’évaluer cette intensité de 
rayonnement par la méthode électrique décrite ci-dessus. En effet, 
avec ces substances très actives le courant entre les deux plateaux 
du condensateur continue à croître avec la différence de potentiel, 
et l’on n’atteint jamais le courant limite pour les tensions utilisées 
dans les mesures. De plus, pour les composés de radium et d’acti¬ 
nium, une partie du rayonnement est formée de rayons très péné¬ 
trants qui traversent le condensateur et les plateaux métalliques et 
qui ne sont nullement utilisés à ioniser l’air entre les plateaux. 

Les rayons du polonium sont très intenses, mais très peu péné¬ 
trants; ils n’agissent pas dans l’air au delà d’une distance de 
quelques centimètres, et un écran solide même très mince n’en 
laisse passer qu’une très faible partie. 

Le rayonnement du radium comporte à la fois des rayons peu 
pénétrants et des rayons très pénétrants. Ces derniers sont capables 
de traverser plusieurs centimètres de métal; ils peuvent aussi se 


— 15 — 


propager dans l’air à plus d’un mètre de distance du radium. Pour 
ces rayons pénétrants, le plomb, le platine sont les corps les plus 
opaques; l’aluminium, le verre, la paraffine sont relativement 
transparents. 

L’action photographique des nouvelles substances est extrê¬ 
mement rapide à petite distance. A grande distance on peut obte¬ 
nir des radiographies avec le radium avec un temps de pose suf¬ 
fisant. On peut, par exemple, obtenir la radiographie d’une boîte 
de compas, d’un porte-monnaie, en utilisant quelques centi¬ 
grammes de chlorure de baryum radifère placé dans une ampoule 
de verre. En opérant à 20 cm de distance, quelques heures de pose 
sont nécessaires ; en opérant à i m de distance il faut une pose de 
quelques jours, mais les images sont alors très fines. 

Le rayonnement des sels de baryum radifères augmente avec le 
temps à partir du moment où on les a préparés à l’état solide. Ce 
rayonnement semble tendre toutefois vers une certaine limite. Ce 
phénomène d’augmentation du rayonnement est particulièrement 
intense avec le chlorure de baryum radifère (*). Quand on éva¬ 
pore à sec une solution de chlorure de baryum radifère, l’activité 
du produit sec augmente d’abord très rapidement, puis plus lente¬ 
ment, et devient quatre ou cinq fois plus forte que l’activité initiale. 
Voici, par exemple, les activités que nous avons obtenues avec un 
produit faiblement actif (activité initiale p 5 fois celle de l’uranium 
ordinaire), activité initiale 95, après 1 jour 120, après 2 jours 
i 65 , après 3 jours 210, après 9 jours 3 io, après 24 jours 38 i, 
après 3 oo jours 41 o. Quand on dissout le chlorure actif et qu’on le 
sèche de nouveau, l’activité initiale obtenue, immédiatement après 
dessèchement, est d’autant plus faible que le sel est resté plus 
longtemps en solution, mais elle semble tendre vers une valeur 
constante qui est pratiquement atteinte lorsque le sel est resté quatre 
ou cinq jours en solution. On voit de quelles précautions il faut 
s’entourer lorsque l’on veut caractériser une de ces substances par 
son activité. Nous prenions généralement comme repère le plus 
pratique l’activité initiale après dessèchement d’une substance 
laissée quelques jours à l’état de dissolution. 


(‘) Ces phénomènes ont été décrits tout d’abord par M. Giesel (Wied. Ann., 
t. LXIX, p. 91; 1899). 





16 - 


Au contraire, l’activité des composés du polonium décroît len¬ 
tement avec le temps (Giesel), et cette activité perdue ne semble 
pas pouvoir être régénérée sans faire, tout au moins, intervenir 
une action étrangère. 

Les rayons des nouvelles substances radioactives ionisent l’air 
fortement. On peut, comme avec les rayons cathodiques et les 
rayons de Rontgen, provoquer facilement la condensation de la 
vapeur d’eau sursaturée. 

Sous 1 influence des rayons émis parles substances radioactives 
la distance explosive de l’étincelle entre deux conducteurs métal¬ 
liques est diminuée ( 1 ). 

Effets de fluorescence, effets lumineux. • — Les rayons émis par 
les nouvelles substances radioactives provoquent la fluorescence 
de certains corps. Nous avons tout d’abord découvert ce phéno¬ 
mène en faisant agir le polonium et le radium au travers d’une 
feuille d’aluminium sur une couche de platinocyanure de baryum. 
Mais un grand nombre d’autres substances sont susceptibles de 
devenir phosphorescentes sous l’action des rayons de Becquerel. 
M. Becquerel a étudié l’action sur les sels d’urane, le diamant, la 
blende, etc. M. Bary ( 2 ) a montré que les sels des métaux alca¬ 
lins et alcalino-terreux, fluorescents sous l’action des rayons lu¬ 
mineux et des rayons de Rontgen, sont également fluorescents 
sous l’action des rayons du radium. On peut également observer 
la fluorescence du papier, du coton, du verre, etc. au voisinage du 
radium. 

Tous les composés de baryum radifère sont spontanément 
lumineux ( 3 ). Les sels haloïdes, anhydres et secs, émettent une 
lumière particulièrement intense. Cette luminosité ne peut être 
vue à la grande lumière du jour, mais on la voit déjà facilement 
dans une demi-obscurité ou dans une pièce éclairée à la lumière 
du gaz. La lumière émise peut être assez forte pour que l’on puisse 
lire en s’éclairant avec un peu de produit. La lumière émise 
émane de toute la masse du produit, tandis que, pour un corps 


(') Elster et Geitel, Wiecl. Ann , t. LXIX,p. 678. 

( 2 ) Bary, Comptes rendus , t. CXXX, p. 776; 1900. 

( 3 ) Curie, Société de Physique, 3 mars 1899; Paris.— Giesel, Wied. Ann., 
t. LXTX, p. 91. 



— 17 — 


phosphorescent ordinaire, la lumière émane surtout de la partie 
de la surface qui a été éclairée. A l’air humide les produits radifères 
perdent en grande partie leur luminosité, mais ils la reprennent 
par dessèchement ( Giesel). La luminosité semble se conserver. Au 
bout de plus d’un an, aucune modification sensible ne semble 
s’être produite dans la luminosité des produits faiblement actifs, 
gardés en tubes scellés, à l’obscurité. Avec du chlorure de baryum 
radifère, très actif et très lumineux, la lumière change de teinte 
au bout de quelques mois, elle devient plus violacée et s’affaiblit 
quelque peu; en même temps le produit subit certaines transfor¬ 
mations ; mais en redissolvant le sel dans l’eau et en le séchant de 
nouveau on obtient la luminosité primitive. 

Lorsqu’on est dans l’obscurité, on obtient un effet lumineux 
sur l’œil fermé, en plaçant dans le voisinage de la paupière ou de 
la tempe un sel de baryum radifère très actif (Giesel). Cet effet 
s’obtient encore quand le sel radifère est recouvert d’aluminium. 
On peut attribuer cet effet à une phosphorescence des milieux de 
Fœil sous l’action des rayons invisibles du radium. 

Effets chimiques, coloration du verre. —Les radiations émises 
par les substances fortement radioactives sont susceptibles de 
provoquer certaines transformations, certaines réactions chi¬ 
miques. Les rayons émis par les produits radifères exercent des 
actions colorantes sur le verre et la porcelaine ('). 

La coloration du verre, généralement brune ou violette, est très 
intense; elle se produit dans la masse même du verre, elle persiste 
après l’éloignement du radium. Tous les verres se colorent en un 
temps plus ou moins long et la présence du plomb n’est pas néces¬ 
saire. Il convient de rapprocher ce fait de celui, observé récem¬ 
ment, delà coloration des verres des tubes à vide producteurs des 
rayons de Rontgen après un long usage. 

M. Giesel a montré que les sels haloïdes cristallisés des métaux 
alcalins (sel gemme, sylvine) se colorent sous l’influence du ra¬ 
dium, comme sous l’action des rayons cathodiques. M. Giesel 
montre que l’on obtient des colorations du même genre en fai¬ 
sant séjourner les sels alcalins dans la vapeur de sodium ( 2 ). 

(‘) Curie, Comptes rendus, t. CXXIX, p. 8 a 3 ; nov. 1899. 

( 2 ) Giesel, Soc. de Phys, allemande; janvier 1900. 

C. 


1. . 







— 18 — 


Le papier est altéré et coloré par les rayons dn radium. 

Dans certaines circonstances il y a production d’ozone dans le 
voisinage des composés très actifs. 

Les composés radifères semblent s’altérer avec le temps, peut- 
être sous l’action de leur propre radiation. Ainsi les cristaux 
de chlorure de baryum radifère sont incolores au moment où 
ils se déposent dans une solution; mais, au bout de quelques 
jours, ils prennent une coloration tantôt jaune, tantôt d’un beau 
rose; cette coloration disparaît par dissolution. Le chlorure de 
baryum radifère dégage une odeur d’eau de Javel; le bromure 
dégage du brome. Ces transformations lentes s’affirment généra¬ 
lement quelque temps après la préparation du produit solide, 
lequel en même temps change d’aspect et de couleur en prenant 
une teinte jaune ou violacée. La lumière émise devient aussi plus 
violacée. 

Les rayons du radium transforment le platinocyanure de baryum 
en une variété brune moins lumineuse; iis altèrent également le 
sulfate d’uranyle et de potasse en le faisant jaunir. Le platinocya¬ 
nure de baryum transformé est régénéré partiellement par l’action 
delà lumière. Plaçons le radium au-dessous d’une couche de pla¬ 
tinocyanure de baryum étalée sur du papier; le platinocyanure 
devient lumineux; si l’on maintient le système dans l’obscurité, le 
platinocyanure s’altère et sa luminosité baisse considérablement. 
Mais exposons le tout à la lumière, le platinocyanure est partiel¬ 
lement régénéré, et si l’on reporte le tout dans l’obscurité Ja lumi¬ 
nosité reparaît assez forte. On a donc, au moyen d’un corps 
fluorescent et d’un corps radioactif, réalisé un système qui 
fonctionne comme un corps phosphorescent à longue durée de 
phosphorescence. 

M. Giesel a préparé du platinocyanure de baryum radifère. 
Quand ce sel vient de cristalliser, il a l’aspect du platinocyanure 
de baryum ordinaire, et il est très lumineux. Mais peu à peu le 
sel se colore spontanément et prend une teinte brune, en même 
temps que les cristaux deviennent dichroïques. A cet état le sel 
est bien moins lumineux, quoique sa radioactivité ait aug¬ 
menté (* ). 


(*) Giesel, Wied. Ann., t. LXIX, p. 9 t. 






19 — 


Action de la température. — Les substances radioactives con¬ 
servent leurs propriétés après avoir été portées à une température 
élevée. L’uranium qui a été fondu au four électrique est radio¬ 
actif. Le chlorure de baryum radifère qui a été fondu (vers 8oo°) 
est actif et lumineux. On sait qu’au contraire la phosphorescence 
acquise par éclairement s’épuise par l’action de la chaleur. 

On a encore peu de renseignements sur la manière dont varie 
l’émission des rayons par les corps radioactifs avec la tempéra¬ 
ture. Nous savons cependant que l’émission subsiste aux basses 
températures. Nous avons placé dans l’air liquide un tube qui 
contenait du chlorure de baryum radifère. Nous avons constaté 
que la luminosité persiste dans ces conditions ; il est difficile 
d’apprécier le degré de luminosité tant que le tube plonge dans 
l’air liquide, mais, au moment où l’on retire le tube de l’enceinte 
froide, il paraît bien plus lumineux qu’à la température ambiante. 
Nous avons remarqué aussi qu’à la température de l’air liquide le 
radium continue à exciter la fluorescence du sulfate d’uranyle et 
de potassium ( 1 ). 

Action du champ magnétique sur les rayons de Becquerel. 
Rayons déviés et non déviés. — On a vu que les rayons émis 
par les substances radioactives ont un grand nombre de pro¬ 
priétés qui sont communes aux rayons cathodiques et aux rayons 
de Rôntgen. Aussi bien les rayons cathodiques que les rayons de 
Rôntgen ionisent l’air, agissent sur les plaques photographiques, 
excitent la fluorescence, n’éprouvent pas de réflexion régulière. 
Mais les rayons cathodiques diffèrent des rayons de Rôntgen en 
ce qu’ils sont déviés de leur trajet rectiligne par l’action du champ 
magnétique et en ce qu’ils sont chargés d’électricité négative. 

Les travaux de MM. Giesel, Meyer et v. Schweidler et Becquerel 
ont montré que les rayons des nouvelles substances radioactives 
sont déviés par le champ magnétique de la même façon que les 
rayons cathodiques. 

On trouvera dans le Rapport de M. Becquerel un exposé complet 
de l’action du champ magnétique sur le rayonnement des corps 
radioactifs; nous nous bornerons ici à donner quelques détails sur 


(’) Curie, Société de Physique; 2 mars 1900. 




— 20 


les expériences qui nous ont montré que ce rayonnement com¬ 
prend deux groupes de rayons très distincts : les rayons déviés et 
les rayons non déviés ('). Ces expériences ont été faites par la 
méthode électrique. 

Le corps radioactif A ( fig. 2) envoie des radiations suivant la direction 
AD entre les plateaux P et P'. Le plateau P est maintenu au potentiel de 


Fig. 2. 




électro n^ & 


E 


D 


£ 



B 

A 

B’ 


B” 




È £ 


5 oo volts, le plateau P' est relié à un électromètre et à un quartz piézo¬ 
électrique. On mesure l’intensité du courant qui passe dans Pair sous 
l’influence des radiations. On peut à volonté établir le champ magnétique 
d’un électro-aimant normalement au plan de la figure dans toute la région 
EEEE. Si les rayons sont déviés, même faiblement, ils ne pénètrent plus 
entre les plateaux, et le courant est supprimé. La région où passent les 
rayons est entourée par les masses de plomb B, B', B" et par les armatures 
de l’électro-aimant; quand les rayons sont déviés, ils sont absorbés par 
les masses de plomb B et B'. 


Les résultats obtenus dépendent essentiellement de la distance 
AD du corps radiant A à l’entrée du condensateur en D. Si la dis¬ 
tance AD est assez grande (supérieure à r j cm ), tous les rayons 
du radium qui arrivent au condensateur sont déviés et supprimés 
par un champ de âdoo unités. Si la distance AD est plus faible 
que 65 mm , une partie seulement des rayons est déviée par Faction 
clu champ; cette partie est d’ailleurs déjà complètement déviée par (*) 


(*) Curie, Comptes rendus, t. CXXX, p. 70 ; S janvier 1900. 


















— 21 — 


un champ de 2000 unités, et la proportion de rayons supprimés 
n’augmente pas si Ton fait croître le champ de 2O00 à 7000 unités. 

La proportion des rayons non déviés est d’autant plus grande 
que la distance AD entre le corps radiant et le condensateur est 
plus petite. Pour des distances faibles, les rayons qui peuvent être 
déviés ne constituent plus qu’une très faible fraction du rayonne¬ 
ment total. 

Voici, pour un échantillon de carbonate de baryum radifère, les 
résultats obtenus : 

Dans la première ligne figure la distance AD en centimètres. En suppo¬ 
sant égal à 100 le courant obtenu sans champ magnétique pour chaque 
distance, les nombres de la deuvième ligne indiquent le courant qui 
subsiste quand le champ agit. Ces nombres peuvent être considérés comme 
donnant le pourcentage de rayons non déviables. 

Distance AD. 7 ,t 6,9 6,5 6,0 5 ,i 3 ,\ 

Pour 100 rayons non déviés. o o 11 33 56 74 

Les rayons déviables sont les plus pénétrants. 

Lorsque l’on tamise le faisceau au travers d’une lame absorbante 
(aluminium ou papier noir), les rayons qui passent sont tous 
déviables par le champ, de telle sorte qu’à l’aide de l’écran et du 
champ magnétique tout le rayonnement est supprimé dans le 
condensateur. Une lame d’aluminium de -ph_ çf e millimètre d'épais¬ 
seur suffit pour supprimer tous les rayons non déviables, quand la 
substance est assez loin du condensateur; pour des distances plus 
petites (34 ,nm et 5 i min ), deux feuilles d’aluminium au pL sont né¬ 
cessaires pour obtenir ce résultat. 

On a fait des mesures semblables sur quatre substances radifères 
(chlorures ou carbonates), d’activité très différente; le rapport des 
activités des produits extrêmes était au moins de trois cents. Ce¬ 
pendant, les résultats ont été très analogues. 

O11 peut remarquer que, pour tous les échantillons, les rayons 
pénétrants déviables à l’aimant ne sont qu’une faible partie du 
rayonnement total ; ils n’interviennent que pour une faible part 
dans les mesures où l’on utilise le rayonnement intégral pour pro¬ 
duire la conductibilité de l’air. 

M. Becquerel a montré que les composés de polonium préparés 
par nous n’émettent que des rayons non déviables. On peut étu¬ 
dier la radiation émise parle polonium par la méthode électrique. 



_ 22 _ 


Quand on fait varier la distance AD du polonium au condensateur, 
on n’observe d’abord aucun courant tant que la distance est assez 
grande; quand on rapproche le polonium, on observe que, pour 
une certaine distance, qui était de 4 cra pour l’échantillon étudié, 
le rayonnement se fait très brusquement sentir avec une assez 
grande intensité; le courant augmente ensuite régulièrement si 
l’on continue à rapprocher le polonium, mais le champ magnétique 
ne produit aucun effet. Il semble que le rayonnement non déviable 
du polonium soit délimité dans l’espace et dépasse à peine dans 
l’air une sorte de gaine entourant la substance sur l’épaisseur de 
quelques centimètres. 

Le polonium de M. Giesel émet des rayons déviables par le 
champ magnétique, quand il est récemment préparé. De tous les 
échantillons de polonium préparés par nous aucun n’en émettait. 
Nous ne connaissons pas la raison de cette différence. 

M. Debierne a trouvé que l’actinium émet des rayons déviables 
parle champ magnétique; le rayonnement de l’actinium semble 
présenter une grande analogie avec celui du radium. 

Il convient toutefois de faire des réserves générales importantes 
sur la signification des expériences que nous venons de décrire. 
Lorsque nous donnons la proportion des rayons déviés par l’aimant 
il s’agit seulement des radiations susceptibles d’actionner un cou¬ 
rant dans le condensateur. En employant, comme réactif des 
rayons de Becquerel, la fluorescence ou l’action sur les plaques 
photographiques,la proportion serait probablement très différente. 
Il y a pour le moment, dans la définition de l’intensité d’une radia¬ 
tion, quelque chose de purement conventionnel et cette intensité 
n’a de sens que pour la méthode de mesure employée. 

M. Villard a trouvé, en se servant de la plaque photographique, 
que les composés radifères émettent des rayons non déviables ex¬ 
trêmement pénétrants. Ces rayons non déviables n’agissent qu’à 
la longue sur la plaque photographique et, même avec le réactif 
de la plaque sensible, ils ne constituent qu’une faible partie du 
rayonnement total. Dans les expériences par la méthode électrique, 
ces rayons se faisaient peu ou point sentir. 

Le rayonnement du radium se compose donc : i° des rayons 
non déviables par l’action du champ magnétique et très peu péné¬ 
trants; 2° d’une petite proportion de rayons non déviables très 


— 23 — 


pénétrants; 3° de rayons déviables de diverses natures et, comme 
M. Becquerel l’a montré, d’autant moins déviables qu’ils sont plus 
pénétrants. 

Pouvoir pénétrant des rayons non déviables. — L’absorption 
par les écrans de l’ensemble du rayonnement du radium a été 
étudiée par MM. Meyer et v. Sclrweidler, et par M. Becquerel 
qui en rend compte dans son Rapport. Nous ne nous occuperons 
ici que des particularités curieuses que Bon observe avec les 
rayons peu pénétrants du polonium et avec les rayons les plus 
absorbables du radium. 

Tandis que, pour les rayons pénétrants du radium, le coefficient 
d’absorption va en décroissant quand croît l’épaisseur de matière 
traversée, au contraire, les rayons non déviables peu pénétrants 
sont d’autant plus absorbables que l’épaisseur de matière qu’ils 
ont déjà traversée est plus grande( 1 ). Cette loi d’absorption singu¬ 
lière est contraire à celle que l’on connaît pour les autres rayon¬ 
nements. 

L’un de nous a employé pour celte étude notre appareil de me¬ 
sures de la conductibilité électrique avec le dispositif suivant : 

Les deux plateaux d’un condensateur PP et P'P' ( fig. 3 ) sont horizon¬ 
taux et abrités dans une boîte métallique BBBB en relation avec la terre. 
Le corps actif A, situé dans une boite métallique épaisse GGGC faisant 
corps avec le plateau P'P', agit sur Pair du condensateur au travers d’une 
toile métallique T ; les rayons qui traversent la toile sont seuls utilisés 
pour la production du courant, le champ électrique s’arrêtant à la toile. 
On peut faire varier la distance AT du corps actif à la toile. Le champ 
entre les plateaux est établi au moyen d’une pile; la mesure du courant 
se fait au moyen d’un électromètre et d’un quartz piézoélectrique. 

En plaçant en A sur le corps actif divers écrans et en modifiant la dis¬ 
tance AT, on peut mesurer l’absorption des rayons qui font dans Pair 
des chemins plus ou moins grands. 

Le polonium se prête particulièrement à l’étude des rayons non 
déviables, puisque les échantillons que nous possédons, quoique 
très actifs, n’émettent pas du tout de rayons déviables. 


(’) M me Curie, Comptes rendus, t. CXXX, p. 76; 8 janvier 1900. 




— 24 — 


Voici les résultats obtenus avec le polonium : 

Pour une certaine valeur de la distance AT (4 cra et au-dessus), 
aucun courant ne passe : les rayons ne pénètrent pas dans le con¬ 



densateur. Quand on diminue la distance AT, l’apparition des 
rayons dans le condensateur se fait d’une manière assez brusque, 
de telle sorte que, pour une petite diminution de la distance, on 
passe d’un courant très faible à un courant très notable; ensuite 
le courant s’accroît régulièrement quand on continue à rappro¬ 
cher le corps radiant de la toile T. 

Quand on recouvre la substance radiante d’une lame d’alumi¬ 
nium laminé de de millimètre d’épaisseur, l’absorption pro¬ 
duite par la lame est d’autant plus forte que la distance AT est 
plus grande. 

Si l’on place sur la première lame d’aluminium une deuxième 
lame pareille, chaque lame absorbe une fraction du rayonnement 
qu’elle reçoit, et cette fraction est plus grande pour la deuxième 
lame que pour la première, de telle façon que c’est la deuxième 
lame qui semble plus absorbante. 

Dans le Tableau qui suit, nous avons fait figurer : dans la première ligne, 
les distances en centimètres entre le polonium et la toile T; dans la 
deuxième ligne, la proportion de rayons pour ioo transmise par une lame 
d’aluminium; dans la troisième ligne, la proportion de rayons pour 100 
transmise par deux lames du même aluminium. 



































Distance AT. 


3,5 

2,5 

1 ,9 

i ,45 o ,5 

Pour 100 de rayons 

transmis par une lame.. 

0 

0 

5 

10 25 

Pour too de rayons 

transmis par deux lames. 

0 

0 

0 

0 0,7 


Dans ces expériences la distance des plateaux P et V était de 
3 cm . On voit que l’interposition de la lame d’aluminium diminue 
l’intensité du rajonnement en plus forte proportion dans les ré¬ 
gions éloignées que dans les régions rapprochées. 

Cet effet est encore plus marqué que ne l’indiquent les nombres 
qui précèdent. Ainsi, la pénétration de 25 pour ioo, pour la dis¬ 
tance o cm , 5 , représente la moyenne de pénétration pour tous les 
rayons qui dépassent cette distance, ceux extrêmes ayant une pé¬ 
nétration très faible. Si l’on ne recueillait que les rayons compris 
entre o cm ,5 et i cm , par exemple, on aurait une pénétration plus 
grande encore. Et, en effet, si l’on rapproche le plateau P à une 
distance o cm , 5 de P ; , la fraction du rayonnement, transmise par la 
lame d’aluminium (pour AT = o cm , 5 ) est de 47 pour ioo et à 
travers deux lames elle est de 5 pour ioo du rayonnement pri¬ 
mitif. 

Les rayons non déviables du radium se comportent comme les 
rayons du polonium. On peut étudier les rayons non déviables 
seuls en renvoyant les rayons déviables de côté par l’emploi d’un 
champ magnétique. Voici les résultats d’une expérience de ce 
genre, toujours avec la même lame d’aluminium : 

Distance AD (fig. 2 ). G,o 5 ,i 3,4 

Pour ioo de rayons transmis par AI.. . 3 7 9.4 

Ce sont encore les rayons qui allaient le plus loin dans l’air qui 
sont les plus absorbés par l’aluminium. Il y a donc une grande 
analogie entre les rayons non déviables du radium et ceux du 
polonium; les rayons déviables, au contraire, seraient de nature 
différente. 

Si l’on utilise l’ensemble des rayons émis, le phénomène se 
trouve compliqué par la présence des rayons déviables et péné¬ 
trants, dont la loi d’absorption est différente. Si l’on observe à 
grande distance, ces derniers rayons dominent et l’absorption est 
faible; si l’on observe à petite distance, les rayons non déviables 
dominent et l’absoption est d’autant plus faible qu’on se rapproche 




- 26 - 


plus de Ja substance; pour une distance intermédiaire, l’absorp¬ 
tion passe par un maximum et la pénétration par un minimum. 

Dans ces diverses expériences, l’écran est toujours placé à la 
même distance du radium. 

Distance AD. 7,1 6,5 6,0 5 , t 3,4 

Pour 100 de rayons transmis par Al. 91 82 58 41 48 

Devant des propriétés si particulières des rayons non déviables 
des corps radioactifs on pouvait se demander si ce sont bien là 
véritablement des rayons possédant la propagation rectiligne. 

M. Becquerel a élucidé cette question par une expérience di¬ 
recte. Le polonium émettant les rayons non déviables était placé 
dans une cavité linéaire très étroite, creusée dans une feuille de 
carton. On avait ainsi une source linéaire de rayons. Un fil de 
cuivre de i mm ,5 de diamètre était placé parallèlement en face du 
fil à une distance de 5 mm . Une plaque photographique était placée 
parallèlement à une distance de 8 mm au delà. Après une pose de 
dix minutes, l’ombre géométrique du fil était reproduite d’une 
façon parfaite avec les dimensions prévues et une pénombre très 
étroite de chaque côté correspondant bien à la largeur de la source. 
La même expérience réussit également bien en plaçant contre le 
fil une double feuille d’aluminium battu que les rayons sont 
obligés de traverser. 

Il s’agit donc bien des rayons capables de donner des ombres 
géométriques parfaites. L’expérience avec l’aluminium montre 
que ces rayons ne sont pas fortement diffusés en traversant une 
lame d’aluminium battu et que cette lame n’émet pas en quan¬ 
tité importante des rayons secondaires analogues aux rayons se¬ 
condaires des rayons de llôntgen. 

Charge électrique des rayons du radium. — Les rayons catho¬ 
diques sont, comme l’a montré M. Perrin, chargés d’électricité 
négative (*). De plus, ils peuvent, d’après les expériences de 
M. Perrin et deM. Lenard ( 2 ), transporter leur charge à travers des 


( * 1 ) Comptes rendus, t. CXXI, p. n 3 o, et Ann. de Ch. et de Phys ., 7 e série, 

l. II, p. 433 ; 1897. Dans les expériences de M. Perrin, l’ordre de grandeur de la 
charge élail de io -6 coulombs pour une interruption de la bobine. 

( 2 ) Lenard, Wied. Ann., t. LXIV, p. 279; 1898. 






— 27 — 


enveloppes métalliques réunies à la terre et à travers des lames 
isolantes. En tout point où les rayons cathodiques sont absorbés 
se fait un dégagement continu d’électricité négative. Nous avons 
constaté qu’il en est de même pour les rayons déviables du ra¬ 
dium. Les rayons déviables du radium sont chargés d 1 élec¬ 
tricité négative. 

Étalons la substance radioactive sur l’un des plateaux d’un condensateur, 
ce plateau étant relié métalliquement à la terre; le second plateau est relié 
à un électromètre, il reçoit et absorbe les rayons émis par la substance. 
Si les rayons sont chargés, on doit observer une arrivée continue d’élec¬ 
tricité à l’électromètre. Cette expérience, réalisée dans l’air, ne nous a pas 
permis de déceler une charge des rayons, mais l’expérience ainsi faite 
n’est pas sensible. L’air entre les plateaux étant rendu conducteur par les 
rayons, l’électromètre n’est plus isolé et ne peut accuser que des charges 
assez fortes. 

Pour que les rayons non déviables ne puissent apporter de trouble dans 
l’expérience, on peut les supprimer en recouvrant la source radiante d’un 
écran métallique mince; le résultat de l’expérience n’est pas modifié ( 1 ). 

Nous avons sans plus de succès répété cette expérience dans l’air en 
faisant pénétrer les rayons dans l’intérieur d’un cylindre de Faraday en 
relation avec l’électromètre ( 2 ). 

On pouvait déjà se rendre compte, d’après les expériences qui 
précèdent, que la charge des rayons du produit radiant employé 
était considérablement plus faible que celle des rayons cathodiques. 

Pour constater un faible dégagement d’électricité sur le con¬ 
ducteur qui absorbe les rayons, il faut que ce conducteur soit bien 
isolé électriquement; pour obtenir ce résultat, il est nécessaire de 
le mettre à l’abri de l’air, soit en le plaçant dans un tube avec 
un vide très parfait, soit en l’entourant d’un bon diélectrique so¬ 
lide. C’est ce dernier dispositif que nous avons employé. 


(!) A vrai dire, dans ces expériences, on observe toujours une déviation 
à l’électromètre, mais il est facile de se rendre compte que ce déplacement est 
un effet de la force électromotrice de contact qui existe entre le plateau relie à 
l’électromètre et les conducteurs voisins ; cette force électromotrice fait dévier 
l’électromomètre, grâce à la conductibilité de l’air soumis au rayonnement du 
radium. 

( 2 ) Le dispositif du cylindre de Faraday n’est pas nécessaire, mais il pourrait 
présenter quelques avantages dans le cas où il se produirait une forte diffusion 
des rayons par les parois frappées. On pourrait espérer ainsi recueillir et utiliser 
ces rayons diffusés, s’il y en a. 



— 28 — 


Un disque condueleur MM (fig. 4 ) est relié par la tige métal¬ 
lique t à l’électromètre ; disque et tige sont complètement entourés 
de matière isolante iiii; le tout est recouvert d’une enveloppe 



métallique EËEE qui est en communication électrique avec la 
terre. Sur l’une des faces du disque, l’isolant pp et l’enveloppe 
métallique sont très minces. C’est cette face qui est exposée au 
rayonnement du sel de baryum radifère R, placé à l’extérieur dans 
une auge en plomb (*). Les rayons émis par le radium traversent 
l’enveloppe métallique et la lame isolante pp et sont absorbés par 
le disque métallique MM. Celui-ci est alors le siège d’un dégage¬ 
ment continu et constant d’électricité négative que l’on constate 
à l’électromètre et que l’on mesure à l’aide du quartz piézoélec¬ 
trique. 

Le courant ainsi créé est très faible. Avec du chlorure de 
baryum radifère très actif formant une couche de 2 cnr2 ,5 de surface 
et de o cm , 2 d’épaisseur, on obtient un courant de l’ordre de gran¬ 
deur de io~ 11 ampère, les rayons utilisés ayant traversé, avant 
d’ètre absorbés par le disque MM, une épaisseur d’aluminium de 
o mm ,oi et une épaisseur d’ébonite de o mni , 3 . 

Nous avons employé successivement du plomb, du cuivre et du 
zinc pour le disque MM, de l’ébonite et de la paraffine pour l’iso¬ 
lant; les résultats obtenus ont été les mêmes. 

Le courant diminue quand on éloigne la source radiante R, ou 
quand on emploie un produit moins actif. 

Nous avons encore obtenu les mêmes résultats en remplaçant le 


( ( ) L’enveloppe isolante doit être parfaitement continue. Toute fissure rem¬ 
plie d’air allant du conducteur intérieur jusqu’à l’enveloppe métallique est une 
cause de courant dû aux forces éleclromolrices de contact utilisant la conducti¬ 
bilité de l’air sous l’action du radium. 









— 20 — 


disque MM par un cylindre de Faraday rempli d’air, mais enve¬ 
loppé extérieurement par une matière isolante. L’ouverture du 
cylindre, fermée par la plaque isolante mince pp 1 était en face de 
la source radiante. 

Enfin nous avons fait l’expérience inverse, qui consiste à placer 
l’auge de plomb avec le radium au milieu de la matière isolante et 
en relation avec l’éleclromètre {fig. 5 ), le tout étant enveloppé 
par l’enceinte métallique reliée à la terre. 


Fig. 


r 

o. 


Dans ces conditions, on observe à l’électromètre que le radium 
prend une charge positive et égale en grandeur à la charge néga¬ 
tive de la première expérience. Les rayons du radium traversent la 
plaque diélectrique mince pp et quittent le conducteur intérieur 
en emportant de l’électricité négative. 

Les rayons non déviables du radium n’interviennent pas dans 
ces expériences, étant absorbés presque totalement par une épais¬ 
seur extrêmement faible de matière. La méthode qui vient d’être 
décrite ne convient pas non plus pour l’étude de la charge des 
rayons du polonium, ees rayons étant également très peu péné¬ 
trants. Nous n’avons observé aucun indice de charge avec du polo¬ 
nium, qui émet seulement des rayons non déviables,, mais, pour 
la raison qui précède, on ne peut tirer de cette expérience aucune 
conclusion. 

Ainsi, dans le cas des rayons déviables du radium, comme dans 
le cas des rayons cathodiques, les rayons transportent de l’électri¬ 
cité. Or, jusqu’ici onn’a jamais reconnu l’existence déchargés élec¬ 
triques non liées à la matière. On est donc amené à se servir, dans 
l’étude de l’émission des rayons déviables du radium, de la même 

X/ 

théorie que celle actuellement en usage pour l’étude des rayons 
cathodiques. Dans cette théorie balistique, qui a été formulée 














— 30 - 


S 


par Sir W. Croo kes, puis développée et complétée par M. J.-J. 
1 110mson, les rayons cathodiques sont constitués par des particules 
matérielles extrêmemen t ténues qui sont lancées par la cathode avec 
une très grande vitesse et qui sont chargées d’électricité négative. 
On peut de même concevoir que le radium envoie dans l’espace 
des particules matérielles chargées négativement. 

Un échantillon de radium qui serait isolé électriquement d’une 
façon parfaite se chargerait spontanément en peu de temps à un 
potentiel extraordinairement élevé. Dans l’hypothèse balistique, 
le potentiel augmenterait jusqu’à ce que la différence de potentiel 
avec Jes conducteurs environnants devînt suffisante pour em¬ 
pêcher l’éloignement des particules électrisées émises et amener 
leur retour à la source radiante. 

Si Je radium rayonne de la matière pondérable, il doit éprouver 
une perte de masse. Si Je rapport de la charge électrique à la 
masse était le même que dans l’électrolyse, le radium, dans notre 
expérience, perdrait trois équivalents en milligrammes en un mil¬ 
lion d’années. Cette perte ne pourrait être appréciée à la balance. 

Radioactivité induite. — Nous avons trouvé que toute sub¬ 
stance placée dans le voisinage du radium acquiert elle-même une 
radioactivité qui peut persister pendant plusieurs heures et même 
plusieurs jours après l’éloignement du radium. Le même effet a 
été observé bien plus faible avec le polonium ( 1 ). 

La radioactivité induite croît avec le temps pendant lequel 
agit le radium jusqu’à une certaine limite. Après que l’on a retiré 
le radium, elle décroît de même d’abord rapidement, puis de plus 
en plus lentement, en suivant une loi asymptotique; elle tend à 
disparaître ou tout au moins à devenir très faible pour des temps 
suffisamment grands. 

En exposant des disques métalliques divers à l’action du 
radium, on constate que la nature du métal ne semble pas avoir 
une importance prépondérante; on obtient des résultats du 
même ordre de grandeur avec le zinc, le laiton, le bismuth, le 
nickel, l’aluminium, le plomb. 


(') Curie, Comptes rendus, t. CXXIX, p. ; nov. 1809. 




- 31 — 


Voici une courbe (fig- 6) qui montre comment varie la radio¬ 
activité induite en fonction du temps quand on a soustrait la 
substance activée à Faction du radium. Cette courbe se rapporte 
à un disque en zinc de 8 cm de diamètre, qui s’est activé étant 


Fig. 6. 



placé en regard d’une surface de chlorure de baryum radi- 
fère de 4 C1U de diamètre et à 3 cm de distance. L’échantillon de 
chlorure employé était environ deux mille fois plus actif que 
l’uranium; la radioactivité induite maximum est vingt fois celle 
de l’uranium ordinaire; elle décroît rapidement à partir du 
moment où l’on a éloigné le radium et, au bout de deux heures, 
elle est devenue huit fois plus faible. 

On peut se demander si la radioactivité induite n’est pas due 
simplement au transport de la matière active sur la matière inac¬ 
tive voisine, ce transport pouvant se faire sous forme de pous¬ 
sières ou de vapeurs. Cette explication est improbable pour 
diverses raisons. Le transport de poussières ne semble pas com¬ 
patible avec la disparition régulière et progressive de l’activité. 
D’autre part, on peut employer comme matière active le chlorure 
de baryum radifère, qui est soluble; on peut alors s’assurer que la 
radioactivité induite n’est pas détruite par un lavage soigné, à 










- 32 — 


l’eau, du disque activé; elle ne l’est pas davantage par un chauf¬ 
fage du disque, même à la température du rouge. 

Il est possible de produire la radioactivité induite dans une 
substance en la soumettant à l’action du radium, ce dernier étant 
complètement enfermé dans une boîte métallique, et cela rend 
encore bien moins probable l'hypothèse d’un transport de matière 
ordinaire. 

Les intensités des effets de radioactivité induite varien t beaucoup 
avec l’échantillon du corps actif utilisé à activité égale ; le chlorure 
de baryum radifère produit plus fortement cet effet que le carbo¬ 
nate. Certains échantillons de chlorure produisaient des effets très 
irréguliers, l’activité induite variant d’un jour à l’autre dans de 
très fortes proportions sans que nous ayons pu reconnaître la 
cause de ce s variations. 

Nous avons aussi opéré en établissant des différences de poten¬ 
tiel entre Je corps activant et le corps activé; les résultats irrégu¬ 
liers obtenus ne nous permettent pas de dire si le champ électrique 
modifie l’intensité de la radioactivité induite. 

Nous avons obtenu des effets de radioactivité induite très 
intenses en mettant des disques métalliques directement au contact 
du chlorure de baryum radifère; au bout d’un certain temps, on 
retirait les disques, on les lavait soigneusement et l’on étudiait 
leur courbe de radioactivité à l’électromètre. Nous avons obtenu 
ainsi des radioactivités qui, à la première mesure, étaient jusqu’à 
cenl fois plus grandes que celle de l’uranium. 

Les substances inactives que l’on introduit dans une dissolution 
renfermant un sel de radium très actif prennent généralement 
une forte radioactivité induite et la conservent après avoir été 
séparées du radium. Ce fait a été observé aussi bien par nous 
que par M. Giesel, qui a ainsi activé du bismuth ('). La dif¬ 
ficulté de ces expériences consiste dans les soins extrêmes 
qu’il faut prendre pour éliminer le radium de la dissolution. 
L’expérience réussit très bien avec le bismuth. 

M. Villard (-) a soumis à l’action des rayons cathodiques un 
morceau de bismuth placé comme anticathode dans un tube de 


(') Société de Physique de Berlin; janvier 1900. 
( 2 ) Villard, Société de Physique; juillet 1900. 



— 33 — 


Crookes ; ce bismuth a été ainsi rendu actif, à vrai dire, d’une façon 
extrêmement faible, car il fallait huit jours de pose pour obtenir 
une impression photographique. On pourrait .donc ainsi créer 
la radioactivité sans faire intervenir une substance radio-active. 

M. Rutherford (*) a obtenu des effets de radioactivité induite 
en se servant du thorium comme substance activante. Les résultats 
généraux sont les mêmes que ceux obtenus avec le radium. 
Cependant, d’après M. Rutherford, on obtient des effets particu¬ 
lièrement intenses en plaçant dans le voisinage du thorium un 
corps métallique de petite dimension (un fil de platine, par 
exemple) porté à un potentiel négatif de 5 oo volts tandis que le 
thorium est à la terre. L’activité induite se concentre sur le fil. En 
traitant celui-ci par l’acide sulfurique et en évaporant à sec, 
M. Rutherford obtient un résidu bien plus actif que le thorium. 

Radioactivité induite du baryum. — M. Debierne ( 2 ) a obtenu 
des effets de radioactivité induite très intenses en utilisant comme 
substance activante l’actinium fortement actif, qui semble parti¬ 
culièrement propre à produire des effetsde ce genre. Il a activé les 
sels de baryum en les maintenant en dissolution avec les sels d’ac¬ 
tinium. R a obtenu une activation encore plus grande en entraînant 
l’actinium dans un précipité de sulfate de baryte et en laissant les 
corps longtemps en contact. En retirant ensuite l’actinium comme 
il a été dit plus haut, le baryum reste actif si le contact a été suffi¬ 
samment prolongé. On obtient ainsi des sels cle baryum activés. 

On peut se demander si les substances ainsi activées sont ana¬ 
logues aux substances radioactives ordinaires. H y a là une question 
à résoudre, qui a une très grande importance étant donné le carac¬ 
tère atomique de la radioactivité ordinaire. M. Debierne a su 
aborder cette question et lui faire faire un grand pas en utilisant 
le chlorure de baryum activé par l’actinium dont nous venons de 

Le baryum activé possède eu partie, mais en partie seule¬ 
ment , les propriétés du radium. 

Le baryum activé reste actif après diverses transformations 
chimiques; son activité est donc une propriété atomique. Le 



(') Rutherford, Phil. Mag.; février 1900. 

( 2 ) Comptes rendus, t. CXXXI, p. 333 ; 3 o juillet 1900. 




— ;h — 


chlorure de baryum activé se fractionne comme le chlorure de 
baryum radifère, les parties les plus actives élant les moins so¬ 
lubles dans l’eau et l’acide chlorhydrique. M. Debierne a ainsi 
obtenu par fractionnement des produits mille fois plus actifs 
que l’uranium ordinaire. Le chlorure sec est spontanément lumi¬ 
neux. Il émet des rayons semblables aux rayons du radium. Ces 
rayons sont déviés dans Je champ magnétique et provoquent la 
fluorescence. 

Cependant ce baryum activé se distingue du radium en ce qu’il 
ne possède pas le spectre du radium ; à cette différence fondamentale 
vient s’en joindre une autre : l’activité du produit diminue avec le 
temps comme pour toutes les substances activées et, au bout de 
trois semaines, l’activité est trois fois plus faible qu’au début et 
continue à décroître. 

M. Debierne obtient donc ainsi une substance qui a des pro¬ 
priétés intermédiaires entre celles du baryum et celles du radium. 

Les résultats obtenus par M. Debierne sont très suggestifs au 
point de vue des idées que l’on peut se faire sur la nature des élé¬ 
ments chimiques. 

Mal h eureusement, l’actinium qui sert dans ces recherches est 
encore plus rare que le radium dans les minerais d’urane, et la sé¬ 
paration en est encore plus pénible. Pour obtenir la petite quantité 
de thorium à actinium très actif dont il s’est servi, M. Debierne a 
utilisé les produits provenant d’une tonne de résidu d’urane dans 
le traitement dont nous avons parlé plus haut. 

Dissémination des poussières radioactives. — Lorsque l’on fait 
des études sur les substances fortement radioactives, il est néces¬ 
saire de prendre des précautions particulières si l’on veut pouvoir 
continuer à faire des mesures délicates. Les divers objets employés 
dans le laboratoire de Chimie ne tardent pas à être tous radioactifs 
et à agir sur les plaques photographiques au travers du papier noir. 
Les poussières, l’air de la pièce, les vêtements sont radioactifs. 
Dans la salle d’études physiques, l’air de la pièce devient conduc¬ 
teur; MM. Elster et Geitel attiraient dernièrement l’attention sur ce 
point ( '). Dans le laboratoire où nous travaillons, le mal est arrivé 


(') Ann. der Pliysik, juillet 1900. 



à l’état aigu et nous ne pouvons plus avoir un appareil bien isolé. 

Il j a donc lieu de prendre des précautions particulières pour 
éviter autant que possible la dissémination des poussières actives 
et pour éviter aussi les phénomènes d’activité induite. 

Les objets employés en Chimie ne doivent jamais être emportés 
dans la salle à’études physiques, et il faut autant que possible éviter 
de laisser séjourner inutilement dans cette salle les substances 
actives. Avant de commencer ces études nous avions coutume, dans 
les travaux d’électricité statique, d’établir la communication entre 
les divers appareils par des fils métalliques isolés protégés par des 
cylindres métalliques en relation avec le sol, qui préservaient les 
fils contre toute influence électrique extérieure. Dans les études sur 
les corps radioactifs, cette disposition est absolument défectueuse; 
l’air étant conducteur, l’isolement entre le fil et le cylindre est 
mauvais et la force électromotrice de contact inévitable entre le fil 
et le cylindre tend à produire un courant à travers l’air et à faire 
dévier l’électromètre. Il vaut mieux mettre tous les fils de com¬ 
munication à l’abri de l’air en les mettant, par exemple, au milieu 
de cylindres remplis de paraffine ou d’une autre matière isolante. 
Nous pensons qu’il y aurait aussi avantage à faire usage, dans ces 
études, d’électromètres rigoureusement clos. 

Nature des rayons de Becquerel. — Le rayonnement de Bec¬ 
querel est constitué par un mélange de rayons chargés d’électricité, 
déviables dans le champ magnétique, analogues aux rayons catho¬ 
diques, et de rayons non déviables par le champ magnétique et 
analogues aux rayons de Rontgen. Ce mélange n’a rien qui doive 
nous étonner. Dans les tubes à vide, les rayons X naissent «à toute 
paroi frappée parles rayons cathodiques. D’autre part les rayons X 
en frappant les corps donnent naissance aux rayons secondaires 
étudiés par M. Sagnac, et ces rayons secondaires semblent formés 
eux-mêmes par un mélange de rayons non déviables et de rayons 
chargés d’électricité analogues aux rayons cathodiques ( 1 ). L’ana¬ 
logie est donc grande entre l’émission spontanée des corps radio¬ 
actifs et les rayons secondaires des rayons de Rontgen. Cette ana- 


O Curie et Sagnac, Comptes rendus, t. CWX, p, ioi3; 9 avril 1900. 




t 


— 30 — 

logie nous avait frappés dès le début de cette élude, et depuis elle 
n’a fait que s’accentuer. 

Mais la spontanéité du rayonnement est une énigme, un sujet 
d’étonnement profond. 

Quelle est la source de l’énergie des rayons de Becquerel? Faut-il 
la chercher dans les corps radio-actifs eux-mêmes ou bien à l’exté¬ 
rieur ? 

Conformément à ce qui vient d’être dit, on pourrait considérer 
les rayons de Becquerel comme une émission secondaire due à 
des rayons analogues aux rayons X traversant tout l’espace et tous 
les corps. 

Si l’émission, prise dans son ensemble, n’était pas une émission 
secondaire, cela pourrait être encore vrai pour l’un des deux 
groupes de rayons; on pourrait considérer comme rayons pri¬ 
maires soit les rayons non déviables, soit les rayons déviables. 

Dans le premier cas, l’énergie pourrait être empruntée au mi¬ 
lieu ambiant sous forme de chaleur, mais une semblable hypo¬ 
thèse serait en contradiction avec le principe de Carnot. 

D ans le second cas, on pourrait avoir recours à l’hypothèse 
balistique telle qu’elle a été édifiée par Sir W. Crookes et M. J.- 
J. Thomson pour l’explication des propriétés des rayons catho¬ 
diques. Le radium émettrait d’une façon continue des particules 
extrêmement petites chargées d’électricité négative. L’énergie uti¬ 
lisable emmagasinée sous forme d’énergie potentielle se dissipe¬ 
rait peu à peu, et cette manière de voir conduirait nécessairement 
à ne plus admettre l’invariabilité de l’atome. 



Paris. — Imprimerie GACTHIEK-VIU.AllS, quai des Grandï-Augiisiins, r,r.. 






i — rr Séance du 21 Juillet 1900. 

M. F. Guyon a constaté que le nerf érecteur sacré 
intervient dans la miction normale non seulement 
comme nerf moteur, mais encore comme nerf sensitif. 
— M. JoPy expose ses recherches sur l’origine des 
globules bfancs. — M. Laguesse envoie une note sur 
' les variations de la graisse dansées cellules séreuses 
du pancréas. 

SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES ' 

Sir William Crookes, F. R. S. : La radio-acti¬ 
vité de Furanium. — Les recherches de M. H. Bec¬ 
querel ont montré que les composés de l’uranium pos¬ 
sèdent une propriété désignée aujourd’hui sous le nom 
de radio-activité. Lors de la découverte du polonium et 
du radium parM. et M me Curie, on émit l’hypothèse que 
l’uranium devait sa radio-activité à la présence d’une 
petite quantité de ces deux corps, mais on crut reconnaître 
bientôt que la propriété d’émettre des rayons agissant 
sur une plaque photographique est caractéristique pour 
l’uranium ainsi que pour le thorium. C’est cette conclu¬ 
sion que Fauteur a cherché à vérifier. 

Sir William Crookes a constaté que tous les miné¬ 
raux contenant de l’uranium ou du thorium sont radio¬ 
actifs. Voici, par ordre d’intensité décroissante, ceux 
qu’il a expérimentés : 1. Pechblende; 2. Uranite; 3. 
Aütunite;4. Orangite; 5. Thorite; 6. Euxénite; 7. Sa- 
marskite; 8. Àlvite: 9. Brüggerite; 10. Monazite; 11. 
Xénotime; 12. Arrhénite; 13. Sipilite; 14. Fergusonite; 
13. Chalcolite; 16. Hielmite. 

La pechblende est le minéral le plus radio-actif; mais 
l’intensité varie selon l’échantillon. D’une façon géné¬ 
rale, l’action de la pechblende est proportionnelle à la 

( quantité d’uranium qu’elle contient. Si l’on expose 
pendant 120 heures deux parties d’une plaque sensible 
à l’action de deux échantillons de pechblende en pou¬ 
dre, contenant l'un 43 °/ 0 , l’autre 12 °/ 0 de Ur 3 O s , on 
constate que l’intensité de la tache sous le premier est 
au moins trois fois plus forte que sous le second. D’au¬ 
tre part, on peut vérifier que l’intensité de Faction est 
proportionnelle à la durée de l’exposition. 

Dans le but de déterminer leur radio-activité, Sir 
W. Crookes a réuni les composés suivants de l’uranium : 
1° Uranium métallique (prêté par M. Moissan); 2° Ni¬ 
trate d’uranium U0 2 ( Az0 3 ) 2 .6H a 0 ; 3° Acétate d’uranium ; 
4° Persulfate d’uranium; 5° Protosulfate d’uranium; 
6 ° Oxyde vert d’uranium U0 3 .2U0 3 ; 7° Oxyde noir 
d’uranium U0 2 .U0 3 . Ces corps, placés pendant 24 heu¬ 
res sur des plaques photographiques, ont produit à peu 
près le même effet, à l’exception de l’uranium métal¬ 
lique dont l’action est moindre. 

Pour servir d’étalon, l’auteur prépara du nitrate 
d uranium très pur, en le dissolvant dans l’éther, puis 
en le soumettant à des cristallisations répétées. Or, il 
constata, à sa grande surprise, que le sel qui a subi ce 
traitement devient tout à fait inactif et n’impressionne 
.plus la plaque photographique. 

La radio-activité des composés de l’uranium est-elle 
donc sous la dépendance de quelque état physique, 
^cristallin ou chimique particulier? Les expériences sui¬ 
vantes montrent qu’il n’en est rien : Du nitrate d’ura- 
ihmm du commerce solide ou en solution, cristallisé ou 
amorphe après fusion, avec son eau de cristallisation 
m anhydre, soumis à différents degrés de décomposi- 
hon par la chaleur, produit, à ces divers états, le même 
i3net sur la plaque sensible. Les modifications des coa¬ 
litions physiques ou chimiques n’affectent donc pas la 
I adio-activité d’un sel d’uranium qui la possède primi- 
| îvement; d’autres expériences montrent inversement 
lue rien ne peut communiquer la radio-activité à un 
e inactif. Ï1 devient donc évident que les propriétés 
adio-actives attribuées à l’uranium et à ses composés 
e sont pps inhérentes à cet élément, mais résident 
ans un corps étranger qui peut en être séparé. 

Lette séj a ration peut etre poursuivie de la façon sui- 
ante : On verse de l'éther méthylique sur du* nitrate 


d’uranium commercial cristallisé; les cristaux se dis¬ 
solvent par agitation et on obtient finalement deux 
couches distinctes, l’une inférieure aqueuse, l’autre su¬ 
périeure éthérée. On sépare les deux solutions et on les 
évapore en même temps qu’une troisième solution du 
nitrate original dans l’eau. Le résidu sec provenant de 
la portion de nitrate non dissoute dans l’éther montre 
une très forte radio-activité, presque double de celle du 
nitrate original, tandis que le résidu de la solution 
éthérée est inactif. Les deux résidus, évaporés à siccité 
avec de l’acide nitrique et cristallisés dans l’eau, ne dif¬ 
fèrent pas extérieurement du sel initial. 

Si l’on extrait de nouveau par l'éther le nitrate cris-z 
tallisé qui a gardé la radio-activité, les mêmes phéno-' 
mènes se reproduisent. La partie soluble dans l’éthei 
est presque complètement inactive; le reste est très 
actif, deux fois plus que le résidu de la première extrac¬ 
tion. L’éther dissout donc facilement le nitrate d’ura 
nium, mais non le corps auquel il doit sa radio-activité 

Si l’on soumet la portion du nitrate d’uranium inso 
lubie dans l’éther à une cristallisation fractionnée dans 
l’eau, on constate que les premiers cristaux déposés 
sont inactifs, et que le corps actif reste dans la liqueur- 
mère ; après une dizaine de fractionnements, on obtient 
une liqueur-mère douée d’un très fort pouvoir radio¬ 
actif. 

D’autres méthodes ont été essayées pour séparer la 
substance radio-active de l’uranium. Le nitrate d’ura¬ 
nium se décompose partiellement un peu au-dessus de 
son point de fusion; jeté dans l’eau, le nitrate non dé¬ 
composé se dissout et il se dépose un nitrate basique 
insoluble. En employant cette méthode de fractionne¬ 
ment, on observe que le corps actif s’accumule dans la 
portion basique; mais la concentration n’est pas aussi 
rapide que par la méthode précédente. 

Si du nitrate d’uranium très actif préparé par frac¬ 
tionnement est dissous dans l’eau et qu’on y ajoute de 
l’ammoniaque en excès, il se précipite de l’uranate d’am¬ 
monium jaune. On constate que la radio-activité réside 
dans ce précipité; le filtratum évaporé à siccité avec de 
l’acide nitrique n’a plus d’influence sur la plaque sen 
sible. Le corps actif est donc précipité par l’ammoniaque 
et il n’est pas soluble dans un excès. 

Si l’on ajoute un excès de carbonate d’ammonium i 
une solution de nitrate actif, le précipité formé se re¬ 
dissout presque entièrement en laissant une petite 
quantité d’un précipité floconneux brun clair qui se 
rassemble par la chaleur. Ce dernier est doué d’une 
très forte radio-activité et doit contenir presque tout le 
corps actif; cependant celui-ci n’est pas complètement 
insoluble dans le carbonate d’ammoniaque, car le fil- 
tratum reprécipité possède encore une légère radio- 
activité. 

Sir William Crookes estime que ces dernières expé¬ 
riences prouvent définitivement que la radio-activité 
de l’uranium et de ses sels n’est pas une propriété de 
cet élément, mais appartient à un corps étranger, qu’il 
désigne provisoirement par le symbole UrX. Pour en 
déterminer la nature, il Fa d’abord comparé aux autres 
substances radio-actives qui ont déjà été retirées de la 
pechblende. 

Du nitrate basique de polonium et du nitrate d’UrX 
actif ont été comparés au point de vue du pouvoir de 
pénétration de leurs radiations. Le rayonnement du 
polonium n’a pas traversé le verre, l’aluminium et le 
plomb, tandis que celui de l’élément UrX, comme celui 
du radium d’ailleurs, les traverse. Le polonium est très 
volatil; le corps UrX l’est très peu, même aux plus 
hautes températures. Le polonium est précipité par 
l’acide sulfhydrique en solution acide; le nouvel élé¬ 
ment ne l’est ni en solution acide ni en solution neutre. 
On peut donc conclure que le corps UrX diffère du po¬ 
lonium. 

Il est plus difficile de dire que UrX se distingue du 
radium, quoique plusieurs de leurs réactions chimiques 
diffèrent. Le sulfate de radium est insoluble dans l’eau 
et les acides; le sulfate d’UrX se dissout aisément dans 













l’acide sulfurique dilué. Les sels de radium ne sont 
pas précipités par le sulfure d’ammonium et l’ammo¬ 
niaque; les sels d’UrX le sont. L’examen spectral n’a 
pas conduit à des conclusions aussi précises. M. Demar- 
çay indique la ligne 3814,7 comme très caractéristique 
du radium; aucun des sels d’UrX ne la présente, mais 
on ne l’a pas trouvée non plus dans les échantillons de 
radium de Sir W. Crookes. 

Les expériences spectrales n'ayant pas abouti à un 
résultat satisfaisant, Sir W. Crookes a cherché à établir 
une différence entre le radium et l’élément UrX en s’en 
servant comme matière radiante. Placés dans un tube 
de verre dans lequel on a fait le vide et où l’on produit 
une forte étincelle d’induction, les composés d’UrX 
deviennent phosphorescents avec une belle couleur 
bleue ; au spectroscope, on n’observe aucune] discon¬ 
tinuité du spectre de phosphorescence. Dans les mêmes 
conditions, les sels du radium deviennent phosphores¬ 
cents avec une couleur rose; le spectroscope montre 
une concentration de lumière dans le rouge-orange et 
une bande fine dans le jaune clair, probablement due 
à une trace d’yttrium. 

M. A. Debierne a récemment annoncé la découverte 
d’un troisième élément radio-actif dans la pechblende, 
élément qu’il désigne sous le nom d’actinium. Il an¬ 
nonça d’abord qu’il présentait la plupart des réactions 


du titane, puis, l’ayant amené à un plus grand état de 


concentration, il observa qu’il contenait une grande 
quantité de thorium. Sir W. Crookes a cherché de son 
côté s’il est possible de séparer les composés actifs du 
thorium en un corps très actif et un corps inactif. La 
précipitation fractionnée des sulfates a chaud a donné 
une tête et une queue dont les actions respectives sur 
la plaque photographique ne présentent pas de diffé¬ 
rence appréciable. 

L’auteur a essayé la cristallisation fractionnée du 
nitrate de thorium en suivant la même méthode que pour 
l’uranium. Il a rencontré de grandes difficultés, prove¬ 
nant de la tendance des solutions concentrées de nitrate 
de thorium à rester sursaturées pendant plusieurs jours, 
puis à cristalliser subitement en masse. Il a néanmoins 
obtenu, après six fractionnements, deux séries de ni¬ 
trates qu’il a fait agir sur la plaque sensible pendant 
120 heures. La première série (cristaux) a produit une 
très faible action; la seconde série (liqueurs-mères) a 
donné une impression environ trois fois plus forte. On 
entrevoit donc la possibilité de séparer du thorium sa 

substance radio-active. . . , 

Sir William Crookes conclut qu en 1 état actuel de 
nos connaissances sur les substances radio-actives, il 
faut se montrer réservé. Nous reconnaissons ces sub¬ 
stances par leurs propriétés photographiques et élec¬ 
triques; ces réactions sont si sensibles qu elles donnent 
de bons résultats, même, quand le corps actif est en si 
petite quantité qu’il ne peut être décelé par son spectre, 

_une des réactions les plus délicates cependant, oi 

nous nous rappelons la tendance qu’ont les corps chi¬ 
miques à être entraînés par les précipités formés en 
leur présence, il n’cst pas étonnant que le r&diuin et 
l’actinium, pour ne rien dire de l’élément UrX, simulent 
des éléments qui peuvent être reconnus plus tard comme 
très différents d’eux au point de vue chimique. Par 
exemple l’UrX se dissout aisément dans l’acide sulfu¬ 
rique et donne donc un sulfate soluble ; si 1 on mélange 
del’UrX à du chlorure de baryum et qu’on ajoute de 
l’acide sulfurique, le sulfate de baryum précipité a une 
forte radio-activité, ce qui prouve qu’il a entraîne de 

l’UrX. , , r 

On peut faire une autre remarque : la reaction radio¬ 
graphique a un grand avantage: elle est cummulative. 
Si un minéral ou un précipité radio-actif n a pas d ac¬ 
tion apparente sur la plaque photographique au bout 
d’une heure, il peut en avoir une au bout de ving 
quatre heures ; si un jour d’exposition ne donne rien, 
une semaine donne quelque chose. Considérant que 
l’UrX le plus actif ne contient pas assez de matière ac- 


est assez puissant pour donner une not 
sur une plaque au bout de cinq mini 
être sa dilution dans des composés quiq 
près une heure, un jour ou une semair. 


SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE 

Séance du 22 Juin 1900. 


M. P. Chappuis communique quelqu 
thermométrie à gaz. Ayant été amené 
que l’hydrogène ne peut être employé co 
thermométrique aux hautes températur 
son action sur les parois des tubes de 
recours à un thermomètre à azote à vo 
dont la pression initiale était un pei 
800 millimètres. La valeur du coefficiei 
de l’azote à volume constant est variabh 
jusqu’à 80° C. puis augmente lentement, 
à 100° C. se comporte comme l’hydrogèn 
ture ordinaire, sa compressibilité étau 
ne le voudrait la loi de Boyle. Une table 
a donc été préparée. Les lectures di 
d’azote à volume constant sont trop b; 
corrections sont faibles et ne s’élèvenl 
0°04 C. à la température d’ébullition 
résultat moyen des déterminations de Y 
point d’ébullition est de 445°2 sous 760 
pression. Callendar et Griffiths ont troi 
un thermomètre à air à pression constai 
rence peut être attribuée à plusieurs Ci 
1 ° Les corrections pour un thermomè 
constante sont le double de celles d' 
volume constant; la correction appliqué 
Callendar et Griffiths l’augmenterait de 0 ( 
et Griffiths ont employé pour la constai 
valeur plus élevée que celle donnée 
récentes expériences; en adoptant < 
valeur, le point d’ébullition monterait à 
rence peut être due à l’expansion du 
détermine cette dernière le plus exactem 
thode inlerférentielle de Fizeau. L’auteu 
pour déterminer le coefficient de dilah 
pièces de porcelaine entre 0° et 100°; m 
tion à 450° peut causer des erreurs. Bec 
ment déterminé la dilatation linéaire < 
par la méthode du comparateur; l’hon 
porcelaine est douteuse, surtout quand e 
et les grandes divergences qui existent c 
tions obtenues par les deux méthodes pi 
dues au changement de forme du tube d 
dant les expériences. M. Chappuis c 
comme plus certaine sa valeur du point 
soufre, obtenue d’après la dilatation dm 
de Fizeau; il reconnait toutefois l’incerti 
de l’application du coefficient de dilatati 
à un intervalle quatre fois plus grand < 
lequel il a été déterminé. M. Callen 
M. Chappuis qu’il lui est impossible d’a 
rection qu’il fait à ses observations, L’ii 
le coefficient de dilatation du gaz est 
changement de volume du réservoir et 
de dilatation du mercure. Ce dernier est 
d’après Régnault, de 0,000.182.16 d’apr 
réduction de Broch et de 0,000.182.56 d’ 
riences de M. Chappuis avec un tube en 
fait une différence qui n’est pas inférieu 
le coefficient fondamental de dilatati 
suivant qu’on adopte le résultat origin 
ou celui de Chappuis pour la dilatatic 
verre. L’importance du changement 
ballon a bien été mise en évidence par 1 
a tenu compte dans sa détermination di 
lition du soufre en 1890; malheureuseme 
du verre doux et le changement de vo 
grand pour pouvoir être déterminé tri 
D’autre part, M. Callendar ne considèn 
don matérieL <à.jcau«e < 





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Un nouveau corps rajiio-actif, le Kadio-tho- 
rium. — Nos lecteurs n’ont point manque de noter la 
brève allusion faite par Sir W. Ramsay, au cours de son 
récent article, à un nouveau corps radio-actif, le radio- 
thorium, dont on lui doit la. découverte. En attendant 
l’exposé définitif de cette fructueuse recherche de 
l’illustre chimiste, nous sommes heureux de pouvoir 
donner déjà quelques indications provisoires sur cette 
découverte pleine de promesses, annoncée pour la pre¬ 
mière fois au monde savant lors ,du [dernier Congrès 
international de Radiologie. 

Au commencement de l’année 1904, un échantillon 
d’un minerai de Ceylan fut soumis à Sir W. Ramsay. 
La forme de ce minerai était apparemment cubique, sa 
densité était supérieure à 9 ; une expérience immédiate 
montra qu’il donnait 9 centimètres cubes d’hélium par 
gramme, alors que la clévéite n’en fournit que 2,5. Ce 
minéral était fortement radio-actif, et une analyse, faite 
par M. Dunstan, révéla un mélange de terres rares, 
dont l’oxyde de thorium formait les sept dixièmes, 
d’où le nom de tliorianite qui lui fut donné. 

La forte radio-activité et la présence abondante de 
l’hélium devaient nécessairement inciter à traiter la tlio- 
rianite en vue de l’extraction du radium, qui fut re¬ 
cherché par les procédés ordinaires. Mais alors apparut, 
dans des expériences conduites par M. Hahn, ce fait 
curieux et nouveau que, dans les cristallisations frac¬ 
tionnées qui furent entreprises, la radio-activité se 
massait dans les fractions extrêmes, alors que les parties 
moyennes étaient moins radio-actives. Les parties les 
moins solubles furent reconnues contenir du radium, 
tandis que les plus solubles renfermaient un autre corps 
radio-actif, qui fut désigné sous le nom de radio-thorium. 

L’étude de ce corps conduisit à trouver que la radio¬ 
activité de son émanation diminue de moitié en cin¬ 
quante-cinq secondes, exactement comme pour celle 
du thorium ; la même égalité se retrouve pour les radio¬ 
activités induites. 

Si l’on enveloppe de papier quelques milligrammes 
d’une forte préparation de radio-thorium, l’écran de 
sulfure de zinc placé dans son voisinage donne une 
scintillation comme celle du spintariscope. L’émanation 
qui s’en échappe s’élève dans l’air, et actionne un écran 
placé au-dessus, tandis qu’elle est sans effet sur un 
écran situé plus bas. Cette émanation se comporte donc, 
à ce point de vue, comme celle de l’actinium de 
M.Debierne ou de l’émanium de M. Giesel, dont l’iden¬ 
tité avec l’actinium a été déjà mise en évidence par des 
expériences dont il a été rendu compte dans la Revue. 

Le pouvoir radio-actif du radio-thorium est environ 
un demi-million de fois plus élevé que celui du thorium. 
A l’électroscoper, il paraît deux fois moins actif que le 
radium; mais cette comparaison se rapporte aux rayons 
p, dont le radio-thorium est relativement moins riche 
que le radium. 

Sir W. Ramsay considère comme très probable la pro¬ 
duction de l’hélium de la tliorianite par la décomposition 
du radio-thorium. L’hélium apparaîtrait ainsi comme le 
terme final de toutes les radio-activités. 


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6. — Chimie physii 


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Un nouveau corps rapio-actif, le lUidlo-tho- 
rium. — Nos lecteurs n’ont point manquede noter la 
brève allusion faite par Sir W. Ramsay, au cours de son 
récent article, à un nouveau corps radio-actif, le radio- 
thorium, dont on lui doit la. découverte. En attendant 
l’exposé définitif de cette fructueuse recherche de 
l’illustre chimiste, nous sommes heureux de pouvoir 
donner déjà quelques indications provisoires sur cette 
découverte pleine de promesses, annoncée pour la pre¬ 
mière fois au monde savant lors ,du [dernier Congrès 
international de Radiologie. 

Au commencement de l’année 1904, un échantillon 
d’un minerai de Ceylan fut soumis à Sir W. Ramsay. 
La forme de ce minerai était apparemment cubique, sa 
densité était supérieure à 9 ; une expérience immédiate 
montra qu’il donnait 9 centimètres cubes d’hélium par 
gramme, alors que la clévéite n’en fournit que 2,5. Ce 
minéral était fortement radio-actif, et une analyse, faite 
par M. Dunstan, révéla un mélange de terres rares, 
dont l’oxyde de thorium formait les sept dixièmes, 
d’où le nom de thorianite qui lui fut donné. 

La forte radio-activité et la présence abondante de 
l’hélium devaient nécessairement inciter à traiter la tho¬ 
rianite en vue de l’extraction du radium, qui fut re¬ 
cherché par les procédés ordinaires. Mais alors apparut, 
dans des expériences conduites par M. Hahn, ce fait 
curieux et nouveau que, dans les cristallisations frac¬ 
tionnées qui furent entreprises, la radio-activité se 
massait dans les fractions extrêmes, alors que les parties 
moyennes étaient moins radio-actives. Les parties les 
moins solubles furent reconnues contenir du radium, 
tandis que les plus solubles renfermaient un autre corps 
radio-actif, qui fut désigné sous le nom de radio-thorium. 

L’étude de ce corps conduisit à trouver que la radio¬ 
activité de son émanation diminue de moitié en cin¬ 
quante-cinq secondes, exactement comme pour celle 
du thorium ; la même égalité se retrouve pour les radio¬ 
activités induites. 

Si l’on enveloppe de papier quelques milligrammes 
d’une forte préparation de radio-thorium, l’écran de 
sulfure de zinc placé dans son voisinage donne une 
scintillation comme celle duspintariscope. L’émanation 
qui s’en échappe s’élève dans l’air, et actionne un écran 
placé au-dessus, tandis qu’elle est sans effet sur un 
écran situé plus bas. Cette émanation se comporte donc, 
à ce point de vue, comme celle de l’actinium de 
M.Debierne ou de l’émanium de M. Giesel, dont l’iden¬ 
tité avec l’actinium a été déjà mise en évidence par des 
expériences dont il a été rendu compte dans la Revue. 

Le pouvoir radio-actif du radio-thorium est environ 
un demi-million de fois plus élevé que celui du thorium. 
A l’électroscopé, il paraît deux fois moins actif que le 
radium; mais cette comparaison se rapporte aux rayons 
P, dont le radio-thorium est relativement moins riche 
que le radium. 

Sir W. Ramsay considère comme très probable la pro¬ 
duction de l’hélium de la thorianite par la décomposition 
du radio-thorium. L’hélium apparaîtrait ainsi comme le 
terme final de toutes les radio-activités. 


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Fig. 2. — Pont de Wheatstone pour la mesure de la variation 
de la résistance de la spirale de bismuth. 


La largeur de l’entrefer connue, on peut déduire sans 
peine une seconde courbe ayant seulement trait au fer 
du barreau qu’on examine. Pour des mesures exigeant 
une certaine précision, il faut tenir compte de la tem¬ 
pérature, qui influence les valeurs obtenues à l’aide de 
la spirale de bismuth. Il est donc bon de veiller à ce 
que le courant de mesure dans le pont soit aussi faible 
que possible, à ce qu’on ne le ferme que juste le temps 
nécessaire, et à ce qu’on ne ferme pas plus longtemps 
qu’il n’est besoin le circuit magnétisant, pour éviter 



■» Ja détermination des qualités magnétiques du fer. 


te 

îe 

re 

o- 

ax 

la 

ux 

ux 

en 

it, 

de 


réchauffement de la spirale de bismuth pendant la 
mesure • 

Si la température, lors de la mesure, diffère quelque 
peu de celle qu’on obtient lors de l’étalonnement de la 
spirale, on peut recourir à la formule : 



t' = 


W/ - W 0 
Wo 


-p a(F £)J > 


t' — t désignant la différence entre les températures 

de mesure et d’étalonnement; a= 0,014. 

L’appareil complet (flg. 3)combiné pour l’examen du 1er 





























L’action de réanimation du radium sur les 
éléments du groupe du carbone. — On sait le 
retentissement considérable qu’ont eu, il y a deux ans, 
les expériences de Sir William Ramsay relatives à 
l’action de l’émanation du radium sur le cuivre. D’après 
le savant anglais, la quantité considérable d’énergie 
emmagasinée dans l’émanation produit une véritable 
désagrégation de l’atome de cuivre, qui est réduit en 
éléments de poids atomique moins élevé appartenant 
à la même famille dans la classification de Mendéléefî. 
En fait, Sir William Ramsay annonçait avoir trouvé, 
parmi les produits de l’action de l’émanation sur le 
cuivre, de faibles quantités de potassium, de sodium et 
de lithium. M me Curie, qui a repris ces expériences, 
n’a pu, il est vrai, les confirmer, et a signalé certaines 
causes d’erreurs dans le mode opératoire du savant 
anglais; mais Sir William Ramsay a recommencé son 
travail en se mettant à l’abri des critiques de M me Curie 
et il a maintenu intégralement ses conclusions. En 
même temps, il se préoccupait de généraliser sa décou¬ 
verte, en bétendant à d’autres familles naturelles, et il 
vient de faire paraître, sur ce sujet, une communi¬ 
cation 1 qui ne cède en rien, en intérêt, à ses précé¬ 
dents travaux. 

Sir William Ramsay s’est adressé, cette fois, à un 
certain nombre d’éléments de la famille du carbone : 
Si, Ti, Zr, Th, Pb; si son hypothèse est exacte, ceux-ci, 
sous l’influence de l’émanation, doivent se désagréger 
et donner des éléments plus simples de la même famille, 
en particulier du carbone. 

Voici exactement le mode opératoire suivi par l'auteur 
et son collaborateur, M. F.-L. Usher : L’émanation est 
pompée, avec le gaz tonnant qui l’accompagne, d’une 
solution de bromure de radium contenant 0 gr. 211 de 
radium métallique. Le gaz produit dans le cours d’une 
semaine s’élève à environ 25 centimètres cubes et 
contient 0,0912 centimètre cube d’émanation. Après 
explosion du gaz tonnant, il reste environ 1/2 centi¬ 
mètre cube ; celui-ci est recueilli dans un petit tube 
en verre recouvert de potasse caustique fondue. Au 
bout d’une heure, le gaz, débarrassé d’acide carbonique, 
est introduit dans un flacon de verre où l'on a fait le 
vide et qui contient la solution à soumettre à l’action de 
l’émanation. Le contenu du flacon a été abandonné 
pendant quatre semaines, temps au bout duquel 
l’énergie de l’émanation est complètement épuisée. 
Les gaz sont alors pompés et analysés. 

Or, parmi ces gaz, on a trouvé constamment du car¬ 
bone sous forme d’anhydride carbonique ou d’un mé¬ 
lange d’anhydride carbonique et d’oxyde de carbone. 
Voici la quantité de carbone produite aux dépens des 
diverses solutions par un millimètre cube d'émanation : 

~~ CARBONE (MGR-) 

Solution de H 2 SiF 6 .. 0,518 

— Ti(S0 4 ) 2 . 0,982 

_ y v /'A 7 O 3 ')' 1 $ ^. 1,071 

L\ (AzU J ) n .. 0,873 

Th(Azo a )*| h ; ; ; ; ; ; ; ; If,» 

— Pb (CIO 3 ) 2 . 0,102 

— fa y g. t tié 'IM'Lj - 

1 Berichtc dcv dculsili. chcw. f/es., t. XL 11, p. 2930. 













seil des trustées uu aumuntmaicuiB, et un vaste audi - 
torium , amphithéâtre où se font des conférences publi¬ 
ques sur l’actualité scientifique. C’est là également 
que s’emmagasinent et se vendent toutes les publica¬ 
tions de l’Institution. 

A Tumamoc Hill, près de Tucson, dans l’Arizona, on 
a installé le Laboratoire de Botanique désertique ; c’est 
le seul établissement de ce genre dans le monde. On 
étudié là les conditions de développement, de repro¬ 
duction, de distribution, de migration et de variation 
de la flore du désert. Ce laboratoire, ou plutôt cette 
« station », comprend de nombreuses et très grandes 
serres, de vastes laboratoires, d’énormes jardins et 
champs d’expériences; en tout, il occupe une super¬ 
ficie de 350 hectares. On y étudie notamment l’accli¬ 
matation des autres flores. Cette station a pour direc¬ 
teur le D r Daniel T. Macdougal, ancien directeur du 
Jardin botanique de New-York. 

La station a pour annexes des plantations expéri¬ 
mentales de flore alpestre dans les montagnes de 
Santa Catalina, qui sont peu distantes ; ces planta¬ 
tions se font à 2.000 ou 3.000 mètres d'altitude. 

Le résultat de tous ces travaux sera une meilleure 
mise en valeur du sol de la région. 

Ce laboratoire a été fondé en 1904, etses publications 
ont une telle valeur qu’il a déjà fallu en réimprimer 
une seconde édition. 

Le Département de TEvolution expérimentale , qui 
étudie, sur les plantes et sur les animaux, les problèmes 
de l’hérédité, de l’hybridisation, de la mutation, etc., 
possède à Cold Spring Harbor, près de New-York, un 
laboratoire biologique, une ferme, des champs de cul¬ 
ture, etc. Le directeur est M. le D r Charles B. Daven- 
port, ancien professeur de Zoologie à l’Université de- 
Chicago. Ce laboratoire a été inauguré officiellement 
en 1904, sous la présidence de M. le Professeur Hugo 

de Vries. 1 1 

Quelquefois, les travaux exécutes dans ce laboratoire 
empruntent la collaboration de la Station biologique, 
toute voisine, de l’Institut de Brooklyn, et celle du Jar¬ 
din botanique de New-York. 

Il existe un Laboratoire de Bioloqie marine, dans, 
l’île Tortugas, près de la côte de la Floride; le direc¬ 
teur en est M. Alfred G. Mayer. Dans ce laboratoire, on 
étudie surtout la faune marine du golfe du Mexique et 
de la mer des Caraïbes, ainsi que celle de la portion 
tropicale du Gulf-Stream. 

Cette station possède des habitations démontables, 
pour les savants étrangers qui veulent venir étudier 
sur place cette partie de la Biologie. Toutes les Univer¬ 
sités américaines et plusieurs Universités d’Europe ont 
eu de leurs membres qui ont travaillé la; c est ainsi 
que M le D r Robert Hartmayer, directeur du Muséum 
zoologique de Berlin, a fait une saison de deux mois, 
pendant l’été de 1907, sur les côtes de la Floride. _ , 

Sur une colline voisine de Washington, et bien isoie 
cependant, s’élève le Laboratoire de Physique du Gioùe, 
crui comprend un vaste bâtiment' de trois étages. Cette 
construction, inaugurée en 1906, a coûté, installation 
comprise, 150.000 dollars (750.000 fr.). Le directeui de 

la station est M. le Dr Arthur L. Day. 

Un détail, qui montrera que les institutions de ia 
Carneqie jouissent d’une grande réputation : c est a ce 
laboratoire de Physique du Globe que M le ^ George 
F. Becker a fait ses recherches, pour le Sei \ice geolo 



























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Les rayons émis par Te Tuerrom peuvent ttc'ré 'divises en t rois groupoa 
rayons a très peu pénétrants et analogues aux rayons canaux, 
analogues aux rayons cathodiques, les rayons y analogues 
de Rôntgen 


les rayons jj 
aux rayons 


Les e 

trois espèces 


d’une façon continue; le dégagement 
Gramme de radium et par heure. 

1 étudiés iuscru’ici soi 

l’œil 


Il U V I aj UNO vmtiivui^wvu, 1 -- j - w n ~ J' 

. D’après Kaufmann certains rayons {3 ont des vitesses voisines 
de celle'de la lumière, les rayons [3 seraient constitués par des électrons 
dont la masse résulterait uniquement des phénomènes électromagnétiques. 
La masse de ces électrons tendrait vers l’infini quand la vitesse se rapproche 
de celle de la lumière. 

Le radium dégage de la chaleur 

est voisin de 100 petites calories par gi- - , 

(Têts physiologiques des rayons du radium étudiés jusqu’ici sont de 
i° effets de luminosité par l’action des rayons sur l’œi’ 
fermé; 2° brûlures provoquées par l’action des rayons sur l’épiderme; 
3° paralysies provoquées par l’action des rayons sur les centres nerveux 
(Danysz). 

M. Curie décrit ensuite d’une façon assez détaillée les phénomènes de 
radioactivité induite. — Les corps placés dans une enceinte close avec 
un sel solide, ou mieux avec une solution d’un sel de radium deviennent 
eux-mêmes au bout d’un certain temps radioactifs. L’activité induite n’est 
pas provoquée parle rayonnement direct du radium mais par quelque chose 
qui se propage de pioche en proche dans l’air et dans le vide. Tous les 

placés dans les mêmes conditions s’activent de la même 


, . dans des conditions très 

ie 1 existence de constantes de temps susceptibles 
îc précision et caractérisant chaque forme de l’énergie 


eprps solides 
manière. 

Les corps activés retirés de l’enceinle, se désactivent suivant une loi 
d allure exponentielle qui a été étudiée, l’activité diminue de moitié envi¬ 
ron en 28 minutes. Un tube activé intérieurement par le radium, puis 
scelle et séparé du corps activant; perd son activité suivant une loi expo¬ 
nentielle mais beaucoup plus lentement, l’activité diminue de moitié en 
4 jours; c est alors l’énergie radioactive emmagasinée dans le gaz qui 
entretient 1 activité des parois. b 1 

Les lois de la désactivation ont été étudiées 
variées et ont montré 1 
d’être déterminées avec pi_ 

radioactive. L’activité emmagasinée dans les gaz (émanation de Rutherford 
diminue de moitié en 4 jours dans le cas de l’activation par le radium elle 
diminue de moitié en i,2 minutes dans le cas de l’activation par le thorium, 
e moitié en une seconde environ dans le cas de l’activation par l’actinium. 
.Les corps solides activés perdent leur activité en dehors de l’enceinte acti¬ 
vante en 28 minutes dans le cas de l’activation par le radium, en 11 heures 
dans le cas de 1 activation par le thorium, en 36 minutes dans le cas de 
1 activation par l actimum. 

J1 y a enfin d’autres formes d’activité induite à évolution extrêmement 
lente avec lesquelles 1 activation met des mois à se produire et des années 
a disparaître. 

L’activation des surfaces solides semble se produire par un rayonnement 
e centres activants situés dans l’espace qui les environne. D’après M Dé¬ 
ni erne, dans le cas de l’actinium, ces rayons activants sont déviés par un 
champ magnétique. 1 

mm e m^ n i anatl0n r au centre activants des gaz se condensent dans l’air liquide 
comme des gaz liquéfiables. 1 

M. Curie rappelle deux des hypothèses émises dès le début de ces études 
pour expliquer les phénomènes radioactifs : i° on peut admettre que les 
ornes des corps simples sont en voie d’évolution et se transforment. Cette 
évolution bien que très lente met en jeu des quantités notables d’énergie; 

eneigie degagee par les corps radioactifs est empruntée à un rayonne¬ 
ment qui traverse l’espace. 1 j 


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du radium qu’il est difficile d’expliquer. Au centre de deux 
petites ampoules de verre renfermant, l’une un gramme 
de chlorure de baryum ordinaire, et l’autre un gramme de 
chlorure -de baryum contenant environ un sixième de son 
poids de chlorure de radium, sont placées respectivement 
les deux soudures d’un couple thermo-électrique (fer- 
constantan). Ce couple accuse un excès de température de 
1°,5 en faveur de la soudure emprisonnée dans le chlorure 
actif. La mesure de la jmantité de chaleur émise par le 
chlorure de radiumf —réalisée soit par la méthode de 
substitution, soit par la méthode de fusion de la glace 
(calorimètre Bunsenh 



m nn t-nr 


ru bout tPtni '-ui-oi-b» ox un «ex ue rauiuiir est aissous 
dans l’eau et si la solution est enfermée clans un tube 
scellé, la quantité de chaleur dégagée par la solution 
est d’abord faible; le dégagement par heure tend à 
devenir constant du bout d’un mois et le dégagement 
est alors le même que celui dû. au même sel a l’état 
solide. Ces variations avec le temps font supposer 
qu’une partie de la chaleur dégagée par le radium est 
due à la destruction de l’émanation. On peut évaluer 
la quantité de chaleur dégagée par le radium à diverses 
températures, en l’utilisant pour faire bouillir un gaz 
liquéfié et en mesurant le volume de gaz qui se dégage. 
On peut faire l’expérience avec le chlorure de méthyle. 
L’expérience a été faite aussi par M. le Prolesseui 
Dewar et M. Curie avec l’oxygène et l’hydrogène liquides. 
Lorsque l’on place une ampoule contenant 7 déci- 
grammes de bromure de radium dans 1 hydrogène 
liquide, on a un dégagement continu de gaz hydro¬ 
gène donnant 72 centimètres cubes de gaz par minute. 
(Le bromure de radium était préparé depuis dix jours 
seulement.) L’émanation du radium provoque la phos¬ 
phorescence d’un grand nombre de corps. Le sulfure 
de zinc phosphorescent donne les phénomènes lumi¬ 
neux les plus intenses. M. Rutherford a montré que 
{'émanation du radium se condense dans 1 air liquide. 


L de W. CrooJ 

kes (voir p. 744). — M. P. Curie a poursuivi ses expé¬ 
riences sur le dégagement de chaleur spontané di 
radium. On peut montrer l’existence de ce dégagemen 
de chaleur par une expérience grossière, reproduit» 
devant la Société, en se servant de thermomètres à mer 
cure ordinaires. On utilise deux vases isolateurs ther 
miques identiques. Dans le premier, on place une am 
poule en verre, contenant 7 décigrammes de bromure d» 
radium pur, tout contre le réservoir d’un premier ther 
momètre à mercure. Dans le deuxième vase isolateur, on 
place un deuxième thermomètre identique au premier 
et une ampoule de verre contenant un sel de baryum. 
L’ouverture des isolateurs est fermée par du coton. 
Dans ces conditions, le thermomètre placé près du 
radium indique constamment une température de 3° 
supérieure à celle que marque le deuxième thermo¬ 
mètre. D’après les mesures faites au calorimètre de 
Bunsen, on constate qu’un sel de radium qui vient 
d’être préparé dégage une quantité de chaleur relative¬ 
ment faible. La chaleur dégagée en un temps donne 
augmente continuellement et tend yers MC; yalem ] 
déterminée qui ne semble pas encore roViT a JurtantehU 


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il et M me Huggins ont tâché d’obtenir le spectre de la 
•adiation lumineuse et spontanée qu’émet le radium a 
la température ordinaire. Un examen s P e Çtroscom^ 
préliminaire de la luminescence du bromuie de îadiu 
bur ayant donné un spectre plutôt indistinct, les au 
,eurs se sont adressé à la photographie, en vue c 
pir si nossible, l’image des spectres bleu, violet et 
iltra-violet de ce rayonnement. Fmalement avec une 
-xoosition de soixante-douze heures 1 , ils ont îeussi a 
Obtenir un négatif, consistant en huit lignes brillantes 
et au moins autaAt de lignes indécises, combinées a 
une indication de spectre continu dans la îegion du 
bleu Les sept lignes les plus brillantes, chose inat¬ 
tendue correspondent, non pas seulement par eui 
position, mais encore par leur intensité relative et leui 
caractère général, à des bandes du spectre de 1 azote, 
en même temps que la totalité des radiations ultra¬ 
violettes semble provenir de ce gaz. Les auteurs croient 
probable que des mesures ultérieures donneront àei 
indications de l’hélium et même du radium. . i 


MM. W. Ramsay et F. Soddy étudient la relation qui 
existe entre les émanations du radium et de l’hélium. 
En se basant sur leurs analyses spectrales, ils affirment 
que l’hélium accompagne toujours les émanations de 
radium. U résulte, en effet, de ces expériences que les 
lignes caractéristiques sont identiques, quant à leur 
position, à celles d’un tube à hélium introduit en même 
temps dans le champ visuel. M. Ramsay et ses aides 
retirent les émations à l’aide d’une pompe spéciale et 
les traitent comme ils feraient d’un gaz, les condensent 
dans un tube en U, entouré d’air liquide, et même les 
lavent au moyen d’un autre gaz, le passage de l’émana¬ 
tion d’un point à un autre pouvant être facilement 
suivi par l’œil dans une salle obscure. Dans les études 
qui complètent cette Monographie, l’influence de ces 
rayons sur les réactions chimiques est étudiée. Une 
solution de chlorophylle, introduite dans un tube de 
verre et disposée au-dessus d’une couche de bromure 
de baryum, a pris une coloration pourpre en dix 
heures à peu près, tandis qu’autre ment elle restait inal¬ 
térée pendant plus de soixante heures. L’ensemble de 
ces recherches représente un progrès notable dans la 
connaissance de ces intéressantes radiations. 


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Sur le dégagement de chaleur spontané du radium » — M. Curie a 
poursuivi ses expériences sur le dégagement de chaleur spontané du 
radium. On peut montrer l’existence de ce dégagement de chaleur par une 
expérience grossière reproduite devant la Société, en se servant de thermo¬ 
mètres à mercure ordinaires. On utilise deux vases isolateurs thermiques 
identiques. Dans le premier on place une ampoule en verre contenant 7 dg 
de bromure de radium pur et tout contre le réservoir d’un premier ther¬ 
momètre à mercure. Dans le deuxième vase isolateur on place un deuxième 
thermomètre identique au premier et une ampoule de verre contenant un 
sel de baryum. L’ouverture des isolateurs est fermée par du coton. Dans 
ces conditions le thermomètre placé près du radium indique constam¬ 
ment une température de 3 ° supérieure à celle indiquée dans le deuxième 
thermomètre. D’après les mesures faites au calorimètre de Bunsen, on 
constate qu’un sel de radium qui vient d’être préparé dégage une quan¬ 
tité de chaleur relativement faible. La chaleur dégagée en un temps donné 
augmente continuellement et tend vers une valeur déterminée qui ne 
semble pas encore tout à fait atteinte au bout d’un mois. Si un sel de 
radium est dissous dans l’eau et si la solution est enfermée dans un tube 
scellé, la quantité de chaleur dégagée par la solution est d’abord faible ; 
le dégagement par heure tend à devenir constant au bout d’un mois et le 
dégagement est alors le même que celui dû au même sel à l’étal solide. Ces 
variations avec le temps font supposer qu’une partie de la chaleur dégagée 
par le radium est due à la destruction de l’émanation. 

On peut évaluer la quantité de chaleur dégagée par le radium à diverses 
températures, en l’utilisant pour faire bouillir un gaz liquéfié et en mesu¬ 
rant le volume de gaz qui se dégage. On peut faire l’expérience avec le 
chlorure de méthyle. L’expérience a été faite aussi par M. le professeur 
Dewar et M. Curie avec l’oxygène et l’hydrogène liquide. Ce dernier 
corps convient particulièrement bien pour réaliser l’expérience. Un tube A 
(fig. i) (disposé avec isolateur calorifique à vide de Dewar) renferme^un 

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Production de la phosphorescence d’un grand nombre de corps par 
l’émanation du radium. -— L'émanation du radium provoque la phos¬ 
phorescence d’un grand nombre de corps. Le sulfure de zinc phospho¬ 
rescent donne les phénomènes lumineux les plus intenses. M. Ruther¬ 
ford a montré que Xémanation du radium se condense dans l air 
liquide. M. Curie fait devant la Société une expérience qui met en 
évidence ces deux phénomènes. Une solution de radium est située dans 
l’ampoule A ( fig. 2), au-dessus de la solution se trouve de l’air qui se 
charge d’émanation. Les réservoirs B et C dans lesquels on a fait le vide 
communiquent entre eux par un tube de verre, les parois internes de ces 
deux réservoirs sont recouvertes d’une couche de sulfure de zinc phospho¬ 
rescent. En ouvrant le robinet R, l’air activé de 1 ampoule A est aspiré 
brusquement dans les réservoirs B et C où il y a le vide. Sous 1 action 
de l’émanation du radium le sulfure de zinc de B et de C s illumine instan¬ 
tanément. On montre ensuite la condensation dans l’air liquide. Pour 
cela on commence par fermer le robinet R qui établit la communication 
entre les réservoirs B et C et le radium, puis on plonge le réservoir C dans 
l’air liquide. Au bout d’une demi-heure toute l’émanation de B et de C s’est 
condensée en C et le réservoir B a perdu toute sa luminosité. En_ cou¬ 
pant la communication entre B et G au moyen d’un robinet R et en laissant 
le réservoir C revenir à la température ambiante, le sulfure de zinc du 
réservoir C qui contient alors toute l’émanation devient très brillant. 
(Dans Pair liquide le sulfure de zinc en C est moins brillant, parce qu’à 
cette température il perd une partie de ses propriétés phosphorescentes.) 





































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24. F* Giesel. Über einen einfachen Nachweis von Hélium 
nus Radiurnbromid (Chem. Ber. 38, S. 2299 — 2300. 1905; Chem. 
Hews 92, S. 97. 1905). — Zwei Greisslersche Bôhren mit 
Aluminiumelektroden wurden unter Vermeidung von Wasser 
direkt mit je 50 mg wasserfreiem Badiumbromid beschickt und 
môglichst vollkommen evakuiert, einmal um die Entstehung 
von Knallgas überhaupt zu verhindern und zweitens um zu 
erfahren, ob die Gegenwart von Wasser für die Bildung von 
Emanation und Hélium von Bedeutung ist. 

Die eine Bôhre fafite ca. 5 ccm und enthielt in einem 
seitlichen Ansatz das entwàsserte, aber nicht geschmolzen ge- 
wesene Salz. Die zweite Bôhre fafite ca. 15 ccm; das Badium- 
salz war an einen Platindraht angeschmolzen. In der ersten 
Bôhre trat nach 2 Mon. die Heliumlinie D 3 , l = 587,6 auf; 

nach einem halben Jahr kamen hinzu l — 502 und sehr schwach 
495, 470, 446. Bei der zweiten Bôhre war bis jetzt nur die 
Z) 3 -Linie sichtbar. Die Bôhren kônnen beliebig lange mit 
Induktionsstrom betrieben werden, ohne daB ein Nachlassen 
des Heliumspektrums bemerkbar wird. Der Gasraum der 
Bôhren ist bedeutend weniger aktiv als das Knallgas aus 
Badiumlôsungen; anscheinend wird die Emanation von dem 
entwâsserten Salze stark zurückgehalten. H. Kffn. 










C 


et de Bad-Gastein. Go sont' les plus actiyes. 
L’émanation qui s’en dégage possède toutes les 
propriétés do F émanation, du radium ; comme 
elle, son activité diminue de moitié après qua¬ 
tre jours. Les sédiments de ces eaux sont aussi 
radioactifs. L’atmosphère de la station est elle 
aussi légèrement radio-active (2). 

L’émanation exerce une action thérapeutique 
évidente bien qu’elle ait été encore peu étu¬ 
diée. Les eaux radioactives sont employées 
avec succès dans un but sédatif contre les dou¬ 
leurs articulaires subaigues ou chroniques, 
contre les troubles des cardiopatlies. Onlutilise 
aussi contre les affections du nez et du larynx, 
contre la tuberculose pulmonaire. 

De son coté, M. E. Hamaide précisa les dose 
d’émanations des diverses sources de Plom- ' 
bières et montra tout le bénéfice que l’on re¬ 
tire de leur radioactivité (3), effets nerveux, 
effets sédatifs, effets immédiats, effets retar- 
etc. Tout cela commence à être très inté- 


des 


isx rauio-acttvite éclairé, en effet, certaines 
bizarreries d’action des eaux minérales qui res¬ 
taient inexpliquées jusqu’alors, notamment l’in- 
activité des eaux transportées et le manque de 
parallélisme entre l’effet thérapeutique de cer¬ 
taines sources et leur degré de minéralisation. 
Gomment l’eau mise en bouteilles et transportée 
jouirait-elle des mêmes propriétés? L’émana¬ 
tion radioactive se détruit après quatre jours 
et il n’en reste plus guère ensuite. L’eau, de 
vivante, devient morte, et il est clair qu’elle ne 
saurait plus être intégralement efficace. Et pro¬ 
chainement j’établirai qu’à peu près toutes les 
eaux, même beaucoup do nos eaux potables 
sont momentanément radioactives. 

En ce qui concerne les eaux thermales, il 
n’est pas douteux que l’apport des émanations 
vient bien des profondeurs du globe. Le radium 
est partout dans les roches. On considère les 
gaz rares, l’hélium, le néon, l’argon, etc., 
comme une dégradation de l’émanation radi- 
iere. Il n’est donc pas surprenant que ces gaz se 


rossant, et tend à expliquer le mécanisme des dégagent ainsi aux griffons des sources ther- 
reures dont la cause échappait jusqu’ici. c- 


(2) M. Chiray a étudié les eaux d Aix-la-Chapelle et 
de Luchon et précisé leur action; M. Lemaître celles de 
Bourbon-Lancy et Pou gués, etc. 

(3) De la radio-activité des eaux de Plombières, par le 
docteur E. Hamaide. Congrès de physiothérapie. Presse 
thermale. [ Qtffapb VO*péâl<$Oj j 















M. Oh. Moureu entrent liT^cPe^e^eV^erches sur les 
gaz rares des sources thermales. Après avoir rappelé que divers 
auteurs (Lord Ragleigh et sir W. Ramsay, Bouchard et Proost, 
Moureu, Bouchard et Besgrez, Dewar, Moissau, Armand Gau¬ 
tier, etc...) ont déjà étudié à ce point de vue quelques mélanges 
gazeux naturels, M. Moureu montre comment cette question, prin¬ 
cipalement en ce qui touche l’hélium, se rattache au phénomène 
delà radio-activité; il décrit sommairement la technique de ses 

expériences, et expose ensuite les résultats généraux auxquels il 
est arrivé. 

L’auteur a étudié 43 sources, appartenant a des régions diverses 
de la France et de 1 étranger. Dans une première série d’expé¬ 
riences, il a dosé en bloc les gaz rares (argon, hélium, néon, cryp- 
ton, xénon). Les teneurs observées sont très variables, mais elles 
suivent assez régulièrement les proportions d’azote. En général, la 
proportion globale des gaz rares est comprise entre 1 et 1.5 0/0 de 
celle de l’azote. 

Certaines sources dépassent notablement cette moyenne; dans 
deux sources de Bourbon-Lancy, on a trouvé 2.8 et 2.9 0/0, et, à 
Maizières, la proportion globale des gaz rares atteint le chiffre 
exceptionnellement élevé de 6.35 0/0. 

En ce qui concerne la nature même des gaz rares existant dans 
les sources thermales, M. Moureu, par le seul examen spectrosco¬ 
pique direct du mélange global, a reconnu la présence de l’argon 
dans 43 sources étudiées, et celle de l’hélium dans 39 sources. Il 
ne doute pasyxl’aiUeurs, de. la présence de l’hélium dans toutes les 

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ensite, M. Ramsay a pu déduire le poids atomique 294 • ;i ° 

résulterait que le radium tn at 999 ï c b . d 224 » 11 en 

d’hélium (n nt / P ‘ 228) serait imposé d’un atome 

neiium (p. at. 4) uni a un atome d’émanation. 


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Etalon international de radium. — Le Temps 
(l eP avril) a publié le communiqué suivant de la com¬ 
mission qui vient de terminer ses travaux au labora¬ 
toire de M. Lippmann, à la Sorbonne, et non au labora¬ 
toire de M me Curie ; il importait, en effet, d’éviter les 
radioactivités induites qui existent dans ce laboratoire, 
depuis qu’on y manipule des matières radioactives. 

« La commission internationale de l’élalon deradium 
s’est réunie à Paris du 25 au 29 mars 1912. Sept membres 
sur dix étaient présents. 

L’étalon de radium, préparé par M me Curie, consiste 
en un tube de verre contenant 22 milligrammes de 
chlorure de radium pur; il a été comparé par deux mé¬ 
thodes différentes, en utilisant lesrayons y, avec 3 pré¬ 
parations de chlorure de radium pur contenant respec¬ 
tivement 10 milligr., 31 milligr. et 40 milligr., obtenues 
par M. Hœnigschmidt avec le radium de l’Académie 
des sciences d’Autriche déposé à l’Institut du radium 
de Vienne. 

Ces étalons, préparés d’une manière entièrement in¬ 
dépendante, sont complètement d’accord entre eux. 

La commission a décidé d’accepter définitivement 
l’étalon de M mc Curie comme étalon international. Elle 
demandera au Bureau international des poids et me¬ 
sures à Sèvres de bien vouloir le conserver dans les 
meilleures conditions de sécurité. 

L’étalon autrichien de 31 milligrammes sera consi- 



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